La plus grande salle de Montréal - exception faite du Centre Bell, évidemment -, située au coeur du Quartier des spectacles, s'apprête à prendre un virage important. Wilfrid-Pelletier entreprendra sa saison 2011-2012 sans son locataire le plus important, l'Orchestre Symphonique de Montréal. Faut-il s'en inquiéter?

L'Orchestre Symphonique de Montréal occupe à lui seul environ 80 des quelque 250 dates au calendrier annuel de la salle Wilfrid-Pelletier. Pourtant, son déménagement à l'Adresse symphonique en septembre prochain n'est pas catastrophique pour la direction de la Place des Arts.

«C'est un gros défi qui peut se vivre sur trois ou quatre ans, affirme la directrice générale de la PdA, Marie Lavigne. Ça fait trois ans qu'on se prépare. En fait, le déménagement libère une cinquantaine de dates parce que l'OSM donnait une trentaine de concerts les jours où on ne pouvait accueillir qu'un orchestre parce que l'Opéra de Montréal y était déjà installé. Par contre, plusieurs spectacles et comédies musicales n'arrêtaient pas à Montréal, faute de place.»

Le calendrier de Wilfrid-Pelletier a même été redessiné de façon à libérer des semaines consécutives pour des spectacles à grand déploiement, ce qui était impossible jusqu'à présent, renchérit le programmateur Michel Gagnon. Ce dernier travaille en réseau avec d'autres salles de même type ailleurs au Canada dans le but d'aller chercher de nouveaux spectacles.

La direction de la Place des Arts entend aussi profiter du départ de l'OSM pour poursuivre les efforts déjà entrepris pour rejoindre les membres des communautés culturelles en programmant du fado, du théâtre sud-africain ou des tambours japonais. «On nous faisait parfois remarquer qu'on ne pouvait voir des productions internationales que dans le cadre des festivals, indique Marie Lavigne. C'est pourtant crucial de voir des productions d'ailleurs. Nos créateurs qui voyagent sont les premiers à nous le souligner.»

Avec le déménagement de l'OSM, le pourcentage fortement majoritaire de spectacles d'ici à Wilfrid-Pelletier va forcément diminuer. L'occasion est belle d'investir dans des projets québécois d'envergure qui pourraient par la suite voyager de par le monde.

«Certains spectacles vont attirer des spectateurs et engendrer des bénéfices qui vont nous permettre de prendre un risque sur la présentation d'un spectacle comme celui de La La La Human Steps ou de travailler en «coprésentation» comme on l'a fait avec Paradis perdu, l'hiver dernier, affirme Marie Lavigne. Créons des bénéfices pour être capables de produire des artistes qui, autrement, ne pourraient pas se présenter ici.»

En plus des grandes agences américaines, Michel Gagnon est d'ailleurs en pourparlers avec des producteurs québécois, notamment de comédie musicale. «La saison 2011-2012 va se confirmer d'ici un mois ou deux», dit-il.