Après avoir évoqué dans ses précédentes créations des sujets politiques, Meg Stuart s'est inspirée pour Do Animals Cry de la famille et de ses dysfonctionnements. Créé en France au printemps 2009, Do Animals Cry ramène la chorégraphe belgo-américaine à Montréal.

Meg Stuart brasse, depuis le début des années 90, le monde de la danse contemporaine avec les créations conceptuelles de sa compagnie établie à Bruxelles, Damaged Goods. Do Animals Cry, une création intimiste inspirée du petit monde des familles, a suscité, en Europe, des réactions très contrastées.

 

«Pendant longtemps, j'ai travaillé sur des chorégraphies sociales. Maintenant, je voulais travailler sur les relations intimes et la façon dont elles influencent les corps. La famille m'a tout de suite intéressée, car dans la famille, chacun occupe un rôle social. J'ai voulu explorer différentes relations et différentes structures familiales», explique la chorégraphe américaine, installée en Belgique.

Rien n'est moins stable que la famille, selon elle. Ce sont donc les visages changeants des membres d'une famille qui sont les moteurs de la création. «Les gens ont des rôles dans leur famille, mais souvent, ils les refusent aussi. Il n'est pas rare qu'une mère se conduise comme un enfant ou qu'un enfant soit plus mature», dit Meg Stuart. Sur scène, les six interprètes changeront eux aussi de rôle, adoptant un visage avant d'en préférer un autre.

Comme pour Forgeries, Love and Other Matters, Meg Stuart invite le théâtre dans la danse. Un parti pris qui laisse rarement indifférent. «On peut reconnaître certaines choses, certaines relations, certains désirs. On peut lire tout ça, mais il y a très peu de dialogues. On peut lire les corps comme un scénario, ou lire les histoires que ces corps véhiculent. Ce n'est pas une narration très claire: il faut se laisser porter par ces structures qui bougent», défend-elle.

Côté mise en scène, Do Animals Cry rappelle le portrait de famille traditionnel. «C'est très visuel, dit Meg Stuart. Des fois, je cache des choses que l'on attend. D'autres fois, je montre les choses telles qu'elles sont, en exagérant de temps à autre.»

Voir Do Animals Cry, dit-elle, est une expérience qui peut se rapprocher de la lecture d'un roman. «Ce qui compte, ce ne sont pas les événements, mais les relations. C'est plutôt sur comment on s'est construit, comment est-ce que l'on nous regarde.»

Depuis le début des années 90, Meg Stuart a parcouru l'Europe avec ses nombreuses créations, multipliant les collaborations - avec l'artiste Lawrence Malstaf pour Insert Skin #1 - They Live in Our Breath, avec la scénographe Anna Viebrok, l'artiste vidéo Chris Kondek, pour Alibi ou Visitors Only, ou enfin avec Benoît Lachambre pour Forgeries, Love and Other Matters. En 2010, la chorégraphe espère prendre une pause - ce qui n'est pas trop dans ses habitudes, plaisante-t-elle - et ne se consacrer qu'à des oeuvres plus modestes. En attendant la prochaine création, en 2011.

Do Animals Cry, de Meg Stuart, à l'Usine C du 24 au 27 février.