Attention, cocktail dangereux. Roadkill, une pièce créée par les Australiens de Splintergroup, peut provoquer des sensations fortes. Si vous ne pensiez pas avoir un jour besoin d'être escorté à votre voiture à l'issue d'une représentation de danse, Roadkill pourrait être pour vous...

Depuis la création de la pièce, en 2007, Roadkill voyage. L'Australie, donc, mais aussi l'Angleterre, la France, et maintenant le Canada. «On est heureux du succès qu'on a eu: c'est un mélange bizarre, entre le film d'horreur et la danse. Au début, c'est un peu difficile, mais à la fin, on a souvent des spectateurs qu'il faut raccompagner à leur voiture car ils ont peur», s'amuse Grayson Millwood.

 

Inspiré par les régions reculées de l'Australie où, selon Millwood, on «sensationnalise» les faits divers, Roadkill met en scène un jeune couple (Gavin Webber et Gabrielle Nankivell) dont la voiture tombe en panne, dans le désert, à côté d'une cabine téléphonique. Un homme (Millwood) arrive dans le tableau et leur propose son aide. «On voulait voir comment le couple allait réagir à cet inconnu», dit Grayson Millwood.

Roadkill doit beaucoup à l'expérience en théâtre des membres de Splintergroup. «C'est une création très théâtrale. On parle donc sur scène, mais cela devient très physique, on se jette à terre ou l'on se met à la renverse dans des cabines téléphoniques. On raconte vraiment une histoire avec le physique. On a un point de départ, puis après tout va dans différentes directions. C'est un scénario qui éclate», détaille Grayson Millwood.

Pourtant, Roadkill ne bascule pas dans la violence. «C'est très ambigu. Si le personnage est très mauvais, qu'il arrive et frappe tout le monde, cela devient unidimensionnel. Ce que nous essayons de faire, c'est de jouer avec les peurs du personnage principal, la femme. Au début, elle a peur de moi; ensuite, elle commence à douter de son copain. Une interprétation possible est que nous sommes, tous les deux, le même personnage.»

Assumant son côté thriller, la mise en scène fait, selon Millwood, revivre au spectateur des sensations habituellement ressenties au cinéma grâce au montage et au cadrage. Les gros plans, par exemple, sont traduits sur scène par un montage sonore: pour adopter le point de vue d'un personnage, le spectateur n'entend alors que ce que ce personnage peut percevoir. «C'est une bonne technique pour adopter un seul point de vue, même si le spectateur peut clairement sentir chacun des trois interprètes sur scène.»

Entre le film d'horreur et la danse contemporaine, donc, Roadkill est une performance saluée à travers le monde. Splintergroup travaille en ce moment à sa prochaine création: Food Chain, une pièce qui devrait être présentée à l'automne.

Roadkill, de Splintergroup, du 10 au 13 février à la Cinquième Salle de la Place des Arts.