Dub et litté: le cirque, le spectacle de clôture du Festival international de la littérature, mettra en scène demain des artistes de la troupe Les 7 doigts de la main, une première depuis les débuts de ce cabaret créé en 2005.

On savait qu'il n'y avait rien à l'épreuve des complices de Dub et litté, Michel Vézina et Vander, lorsque vient le temps de tisser textes et musiques. Mais cirque et littérature? À cette heure, Michel Vézina est auteur, traducteur et chroniqueur. Mais dans le fond, c'est un clown.

 

«Dans les années 1980, j'allais cracher du feu sur la place publique. Mais je ne suis jamais devenu milliardaire, fait-il en riant. J'ai fait partie, en France, des activités du groupe Bérurier Noir, qui cherchait à avoir des éléments circassiens dans son spectacle. Cela a duré quatre ans.»

De là à faire danser les mots sur les élucubrations musicales de Vander en y ajoutant les corps acrobates, il n'y avait qu'un petit pas à franchir. Selon Samuel Tétrault, membre des 7 doigts de la main qui participe au spectacle avec ses collègues Patrick Léonard et Isabelle Chassé, l'élasticité du concept Dub et litté permet bien des sparages.

«C'est rare au cirque, mais avec les 7 doigts, on aime explorer le travail d'improvisation comme on l'a fait tout l'été avec nos cabarets dans le Vieux-Port. C'est intéressant de garder ça fragile et spontané», croit-il.

«Au départ, c'est vraiment un travail à deux, dit Vézina, mais on ne refait jamais la même chose. On marche toujours sur le fil de fer. On répète deux ou trois fois max.»

Et Vander d'ajouter: «Je travaille avec quelques pistes de base sur lesquelles on peut dubber, mettre la mélodie ou rien du tout s'il y a du visuel.»

Également dans le spectacle, la poète et danseuse Catherine Lalonde y trouve un terreau fertile pour expérimenter les mots du physique.

«Avec mon expérience de danseuse, je trouvais ça un peu freakant au début d'arriver sans préparation, mais depuis que je travaille avec des circassiens, qui ont des besoins précis, je me retrouve entre deux pôles, beaucoup plus à l'aise.»

Échapper un mot passe toujours dans un spectacle littéraire, mais échapper un partenaire de cirque...

«Cette vulnérabilité est importante, pense Tétrault. Les erreurs sont acceptées d'emblée. Le cirque est une forme d'art muet. Avec une expression basée sur la parole, ça revêt un autre intérêt.»

De Cioran à Bukowski

Des extraits de textes de Catherine Lalonde et Michel Vézina assurent la partie littéraire du spectacle, en plus d'auteurs comme Garcia Lorca, Romain Gary, Chagall, Cioran, Flaubert, Henry Miller, Baudelaire, Bukowski, etc.

En musique, c'est tout «sauf quatre musiciens qui ne font que des solos avec les textes, assure Vander. Ce que je mets comme musique derrière soutient le texte, plutôt que de le bouffer».

Après des soirées Dub et litté appréciées en France, en Belgique, au Sénégal et en Haïti, Vézina et Vander ont aussi ajouté des projections vidéo.

Le spectacle s'est construit au fil de plusieurs rencontres entre les six participants, auxquels s'est greffé le musicien Dan Beats. Une création collective supervisée par Vézina et Vander.

«On l'a écrit à partir des propositions de tout le monde, raconte Michel Vézina. La trame nous amènera du cirque traditionnel au contemporain.»

Le spectacle Dub et litté: le cirque est présenté au Lion d'or demain, à 20h.