C'est en mai dernier, dans un condo du Plateau Mont-Royal, lors d'un barbecue où étaient réunis une quinzaine d'adultes fonctionnels. Dans un temps mort de la soirée, mon amie d'enfance Caroline se tourne vers moi et déclare avec une voix de matante: «J'ai soif, j'veux du vin.» Et moi de répliquer, tel un vieux lecteur de cassettes: «C'est pas du vin qu'y a ici chérie, c'est du vino: c'est comme du vin, mais en plus cheap.»

Et nous sommes retournées à 15 ans, prises dans un fou rire, même si cela doit faire au moins 20 ans qu'à chaque party, nous répétons cet extrait d'une parodie de deux Québécois en vacances à «Rio de Jano Bergeron»...

 

Comme plusieurs de mes contemporains, mon adolescence a été moins ténébreuse grâce à RBO. Ringo Rinfret («Pourquoi se droguer? Hé!»), Albert Millaire qui annonce des «Clorette» («Je m'en vais en France, où puer de la gueule est accepté, et même, vénéré...»), Bruno Landry en Suzie Lambert de Snap pis Bourdonne, la parodie Contribution aux distributeurs («c'est d'la...») animaient nos échanges autour des casiers de la polyvalente.

J'ai peut-être cessé de vieillir mentalement à 15 ans, mais les vieilles jokes de RBO me semblent aujourd'hui aussi tordantes. Il n'y a rien au monde que je trouve plus drôle qu'André Ducharme en Jean-Pierre Coallier dans Ab Lib, qui présente Joe Bocan en annonçant «si elle s'était appelée Johanne Brochu, ç'aurait fait... Jo Bocu!»

Et quand un souper d'amis tombe un peu à plat, on n'a qu'à inviter nos souvenirs des niaiseries RBO pour que reprenne le fun. Il y en a toujours un pour réciter par coeur le laïus inintelligible de Wayne Gretzky («si tu ra, grazideur») ou pour imiter le délirant dialogue des mère et fille Taillefer, cuisinant à la télé «des p'tites saucisses dans la sauce VH» et «un spaghetti aux tranches de fromage, pour ramener mon mari à la maison le vendredi soir».

Mes parents auraient peut-être dû s'inquiéter de ma vénération pour RBO, pendant mes années formatrices. Encore aujourd'hui, chaque fois que j'entends les mots «chrysanthème» et «rhododendron», il y a la tête de Chantal Franke en Daphné Boulinski (une intello qui fait équipe avec Madame Brossard, au quiz télévisé Devine le mot) qui émerge dans mon esprit.

Le mal est fait, je suis tombée dedans quand j'étais ado. Et maintenant, RBO, c'est à mon tour de vous le dire: toto, émo fiéro, à tata...