Three Sixty Five, comme 365 jours dans l'année, comme 365 émotions quotidiennes, 365 paysages intérieurs, 365 tranches de la même vie en quatre saisons. Three Sixty Five, c'est la dernière oeuvre du chorégraphe vancouvérois Wen Wei Wang, qui revient à Montréal avec les éternelles Quatre saisons de Vivaldi. Une vision absolument inattendue.

Les quatre saisons de Vivaldi, c'est comme le Boléro de Ravel, on croit vraiment connaître cette oeuvre, et même son créateur. Pourtant, que savons-nous des conditions de création de ce quadruple concerto pour violons créé en 1725? Et du créateur lui-même qui, sur sa partition, indiquait qu'il s'agissait pour lui «d'une bataille entre l'harmonie et l'invention»? Wen Wei s'est posé toutes ces questions en s'attaquant à l'oeuvre.

Il raconte: «Mon but n'était pas tant de détourner l'oeuvre que d'en faire une oeuvre d'aujourd'hui, car c'est une oeuvre totalement universelle et atemporelle.»

Changements de fond

Premier changement fondamental: il s'attaque à la musique. Rien de moins. «J'ai passé commande d'une toute nouvelle musique et le compositeur Giorgio Magnanensi a relevé ce défi de taille. C'est de la musique électronique principalement, mais avec un violoncelle en solo. Les quatre parties ont disparu pour laisser la place à des variations d'émotions. De temps à autre, l'oreille reconnaît des thèmes récurrents de la partition de Vivaldi, et cela suffit ainsi.»

Changement de fond donc, mais pas uniquement dans la musique. La danse aussi revient de loin. Sur scène: six danseurs, trois femmes et trois hommes, dont le chorégraphe lui-même. Tout en blanc, avec un travail de lumières époustouflant: Wen Wei Wang a recherché l'émotion visuelle, l'épure, la beauté. En cela, il rejoint Vivaldi, cherchant comme lui la beauté entre harmonie et inventivité.

«Je me suis inspiré directement de la mode, du design, de la peinture italienne, mais aussi de la géographie: du blanc, du blanc sur mer bleue, sur ciel bleu, ou noir selon la climatologie intérieure. Car pour moi, Les quatre saisons parle moins des saisons de la nature que de la cyclicité émotive, des saisons intimes, des variations de notre climatologie intérieure.»

Bouddhiste

Conception pour le moins novatrice, mais qui a bien du sens, surtout lorsque Wen Wei Wang stipule qu'il s'inspire de la notion d'impermanence, au centre de la philosophie bouddhiste, la sienne.

Celle aussi de son pays d'origine, la Chine, qui est le pays de sa formation première, où il est devenu danseur à 18 ans pour le Langzhou Regional Dance. En 1986, à l'occasion d'un échange culturel, il découvre le Canada et s'y plaît au point de s'y installer en 1991. D'abord à Vancouver, puis au Ballet British Columbia, puis aux Grands Ballets canadiens de Montréal, développant en parallèle son talent de chorégraphe.

C'est ainsi, pour faire une histoire courte, qu'il fonde sa compagnie Wen Wei Wang à Vancouver et reçoit de nombreux prestigieux prix pour ses créations. En 2006, il était venu nous présenter sa pièce Unbound avec un vrai succès critique et public. Il a chorégraphié, par ailleurs, d'autres pièces pour des compagnies internationales: le Ballet Jögen, l'Alberta Ballet, le Prix de Lausanne.

Cock-Pit, sa plus récente oeuvre, vient d'être présentée à Vancouver. Une nouvelle pièce qui, après Unbound et Three Sixty Five, lui permettra peut-être de revenir à Montréal une troisième fois, pour son plus grand plaisir, «car les Montréalais connaissent la danse et Montréal est la capitale artistique du Canada». Qu'on se le dise!

Three Sixty Five, Wen Wei Dance, au Centre Pierre-Péladeau du 9 au 11 avril, 20h.