Quand Céline Dion nous a dit, la semaine dernière, que ce spectacle sur les Plaines ne serait pas n'importe quoi, que ses invités le savaient et qu'ils allaient s'investir pleinement, elle ne pouvait pas savoir à quel point elle avait raison. Cette exceptionnelle soirée, baptisée Céline sur les Plaines, a été le plus beau cadeau que pouvait recevoir Québec pour ses 400 ans, une fête de musique et d'émotion à la hauteur des grands spectacles d'il y a plus de 30 ans, sur le mont Royal ou ici même à Québec.
Beau, vous dites? Vous n'avez pas idée. Beau comme l'ont chanté ensemble Céline et Ginette Reno en apothéose de leur interprétation d'Un peu plus haut, un peu plus loin, de Ferland, qui est passée à l'histoire dès l'instant où leurs deux voix se sont mariées! La foule applaudissait à tout rompre et chantait, la gorge nouée, tout à fait consciente du rare privilège qu'elle avait.
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C'était plus qu'une chanson, c'était l'union des deux plus belles voix du pays. C'était surtout deux destins que le hasard a fait se croiser, qui ont pris des chemins différents et qui se retrouvaient dans un dialogue aussi puissant qu'intime. Les larmes de Céline étaient des larmes de joie, celle d'avoir pu toucher à la beauté d'aussi près en compagnie d'une grande dame qui n'a jamais cessé de l'habiter.
Des grands moments, cette soirée d'été idéale nous en a offert plusieurs. Je pense au plaisir tangible et communicatif de Céline dansant et chantant Dégénération avec Mes Aïeux. À cette grande rencontre avec Zachary Richard, le plaisir qu'éprouvait Céline en blowant sur 'L'arbre est dans ses feuilles, mais surtout leur communion sur le thème de la patrie de Zachary dévastée par l'ouragan Katrina. Le Zachary avait mis la table en disant juste avant : «Je me rappelle d'une Québécoise de Charlemagne qui a dit ce que les Américains pensaient mais n'osaient même pas dire.»
Éric Lapointe chante toujours comme s'il fouillait dans ses plaies les plus profondes. Hier soir, quand il a chanté avec Céline le chef-d'oeuvre de Plamondon et Cocciante, L'amour existe encore, il était plus intense que jamais, mais comme en paix avec lui-même, serein presque.
Dubois a été fidèle à lui-même, en voix bien évidemment, cette voix qui donne l'impression de toujours reculer les limites du possible sans effort aucun. Si Dieu existe, par Dubois et Céline, était justement la preuve irréfutable de son existence.
Comment ne pas parler des 13 frères et soeurs de Céline, qui nous ont conviés à un véritable party de Noël en août? Des rigodons, du Vigneault, des chansons traditionnelles, des classiques des cahiers de La bonne chanson servis avec un entrain, une bonne humeur et un naturel qui faisaient chaud au coeur. Chapeau !
Et puis Nanette, resplendissante, tout aussi énergique dans «sa» Lady Marmelade que dans J'irai où tu iras de Céline; Garou, dont les retrouvailles avec Céline se sont faites sous le signe de l'affection ; Dan Bigras, dont le Tue-moi, chanté avec Céline, a été l'un des premiers moments d'émotion de la soirée. Et Marc Dupré, invité naturel à la soirée d'amour de Céline, dont il a dit qu'elle avait pigé son nom dans l'échange de cadeaux familial.
Tout ce beau monde n'a pas seulement été à la hauteur de cet événement, il s'est carrément surpassé. La veille, le recteur de l'Université Laval a dit que Céline énergiserait ses étudiants. Hier, tous ces artistes qui ont connu le succès, sinon la gloire et la consécration, étaient en mode olympique et rien n'allait leur résister.
Elle est comme ça, la Céline. Elle fait le même effet à ses troupes et à son public, qui ne s'y trompe pas en accourant par centaines de milliers à Québec comme à Montréal. Hier, elle était le leader sans conteste de cette belle gang, en pleine possession de ses moyens, de sa voix, de son spectacle. Et ce même si elle doit être morte de fatigue rien qu'à l'idée de remonter sur la scène du Centre Bell dès ce soir.
Céline Dion est une grande. Elle l'a prouvé de la plus belle façon qui soit hier soir. Et c'est la ville de Québec, la chanceuse, qui s'en réjouit ce matin.
Une 10e représentation du spectacle Taking Chances a été ajoutée au Centre Bell, le 14 février prochain. Les spectacles des 13 et 14 février sont donc en vente dès midi aujourd'hui.