Rudy Caya présente ce soir son dernier disque solo, Le Taureau. Ses anciens comparses des Vilains Pingouins le rejoindront aussi. Mais il ne s'agit pas d'un retour.

L'année dernière, Rudy Caya a reçu un beau cadeau. Des «jeunes» des Sainte Catherines, Yesterday's Ring, Vulgaires Machins et des Dale Hawerchuk ont notamment collaboré à son disque. Certains auraient pu être ses enfants.

«Ça m'intimidait, se souvient-il. J'avais l'impression que les Pingouins étaient pour eux un groupe dépassé. Aussi, un peu trop commercial. Mais finalement, ils semblaient contents de travailler avec moi. Je pense que les Pingouins, c'était le plaisir coupable des punkers», blague le rockeur de 47 ans.

Ce qui unit ces musiciens: des références communes. «On partage plein d'influences comme Black Sabbath, lance-t-il. C'est facile de s'entendre, on parle le même langage.»

Assis dans un diner, Rudy Caya n'a presque pas touché à son hot-dog rôti. Depuis cinq minutes, il raconte l'achat de ses premiers 45 tours et sa découverte des Clash. Et il chiale non sans raison contre le prix gonflé des hamburgers du resto branché.

Le vieux fond contestataire reste toujours près. Une de ses nouvelles chansons se nomme d'ailleurs Guantanamo Bay. Il chantait aussi récemment dans une manifestation du FRAPRU. «Mais je ne me considère pas idéaliste. Changer le monde, ce n'est pas mon objectif. Je m'exprime, c'est tout», précise-t-il avec sa voix rauque, au registre toujours aussi limité mais efficace.

Ce soir, ses vieux comparses de Vilains Pingouins le rejoindront sur scène pour quelques chansons. «Ce n'est pas un retour, s'empresse-t-il de préciser. Des concerts, on continue d'en jouer 10-12 par année. Aujourd'hui, les Pingouins ressemblent à une gang qui se réunit pour jouer au hockey quelques fois par année. On s'amuse simplement, sans ambitionner d'en vivre.»

Le père de deux ados ne s'illusionne pas non plus quant à son projet solo. Les jobines, il connaît, que ce soit dans la pub (étudiée à l'université) ou plus récemment dans une shop de matériaux pour fils électriques.

«Quand j'étais petit, ma mère m'avait montré la convention collective de mon père, avec tous les échelons salariaux. Je paniquais à l'idée qu'on puisse savoir exactement où on va être et ce qu'on va faire dans 20 ans. La vie pour moi, c'est un peu comme un film: si je sais trop ce qui s'en vient, ça m'enlève le goût.»

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Rudy Caya, ce soir à 22 h à la Zone Molson Dry. Gratuit.