Radiohead a une nouvelle fois pris les fans et les critiques de court en publiant sur internet dès vendredi, avec un jour d'avance, son très attendu huitième album The King of Limbs.

Depuis son départ de la major du disque EMI, le très influent groupe anglais s'amuse à contourner les codes d'une industrie du disque en plein marasme.

En 2007, il avait créé l'événement en annonçant neuf jours seulement avant sa sortie qu'il publierait son septième album In Rainbows uniquement sur internet et que les acheteurs pourraient en fixer eux-mêmes le prix. Une sortie physique traditionnelle avait eu lieu quelques mois plus tard.

Pour son huitième disque, The King of Limbs, Radiohead a abandonné la formule «payez ce que vous voulez». L'album est disponible en version digitale à 7 et 11 euros, selon le format. Une sortie physique et une luxueuse version sous forme de «journal» sont également prévues, respectivement le 28 mars et le 9 mai.

Mais sans promotion autre que son site internet, le quintette d'Oxford a réussi une nouvelle fois à surprendre les fans et à agiter le monde médiatique.

Lundi, Radiohead, qu'on savait en studio depuis plusieurs mois, a annoncé en catimini via son site (www.radiohead.com) que son album serait disponible le samedi 19 février.

Vendredi matin, les internautes ont pu découvrir sur le site un premier extrait, Lotus Flower, accompagné d'une vidéo en noir et blanc où le chanteur Thom Yorke, seul face à la caméra et coiffé d'un chapeau melon, effectue une étonnante chorégraphie entre danse et mime.

Et quelques instants plus tard, les fans ont eu la surprise de pouvoir télécharger sans attendre le fichier audio de l'album.

«C'est vendredi... c'est presque le week-end... c'est la pleine lune», a posté le guitariste Ed O'Brien, pour seule explication à cette sortie avancée.

Quelques heures auparavant, de nombreux fans s'étaient rassemblés sur une place de Tokyo, à la suite d'un laconique message en japonais sur Twitter, indiquant ce lieu et une heure de rendez-vous. En vain.

L'«événement» - qui restera à jamais mystérieux - a été annulé à la dernière minute par le groupe pour des raisons de sécurité, en raison de la rapidité avec laquelle le message avait circulé sur la Toile.

Sans recul, ni élément de contexte, difficile pour les journalistes de chroniquer l'album. Sur les blogues et les sites de journaux, les critiques se contentaient vendredi d'un descriptif de chacun des huit titres du disque et de quelques commentaires à chaud.

Le titre The King of Limbs, fait référence à un chêne réputé millénaire de la forêt de Savernake dans le sud-ouest de l'Angleterre, près de l'endroit où le groupe avait enregistré In Rainbows.

Les images pastorales de fleurs, de lacs foisonnent dans les paroles de Thom Yorke, tandis que des chants d'oiseaux se sont entendre sur Give up the Ghost.

Certains titres sont des compositions en forme libre proches d'Amnesiac, leur album le plus expérimental, à l'image de Feral aux boucles électroniques accompagnées d'une voix fortement déformée par ordinateur ou de Bloom, chanson au rythme heurté qui ouvre l'album.

Mais d'autres titres se rapprochent de leurs chansons les plus accessibles, comme Codex, construite autour d'un piano et de cordes, ou le magnifique et apaisé Separator qui clôt l'album.

«The King of Limbs s'inscrit dans la continuité d'In Rainbows dans le sens où Radiohead a maintenant trouvé comment être expérimental sans sacrifier l'élément humain», notait vendredi le magazine anglais de référence New Musical Express

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