(Rome) Maurizio Pollini, un pianiste italien lauréat d’un Grammy qui se produisait fréquemment à la célèbre Scala de Milan, est mort. Il avait 82 ans.

M. Pollini s’est éteint samedi, a indiqué La Scala dans un communiqué. L’annonce ne précise pas la cause de son décès, mais M. Pollini avait été contraint d’annuler un concert au Festival de Salzbourg en 2022 en raison de problèmes cardiaques.

Au cours d’une carrière internationale de six décennies, le répertoire de M. Pollini s’est élargi au-delà des classiques standards. Il a adopté les chefs-d’œuvre du début du XXe siècle d’Igor Stravinsky, Arnold Schoenberg et Anton Webern, ainsi que les modernistes d’après-guerre tels que Karlheinz Stockhausen, Pierre Boulez et Luigi Nono.

La Scala a défini le pianiste comme « l’un des grands musiciens de notre temps et une référence fondamentale dans la vie artistique du théâtre depuis plus de 50 ans ».

M. Pollini était considéré comme un pianiste doté d’une puissance intellectuelle unique, dont la technique inégalée ainsi que le dynamisme de l’interprétation obligeaient les auditeurs à réfléchir profondément.

Il est né à Milan le 5 janvier 1942 dans une famille d’artistes. Son père, Gino Pollini, était violoniste et architecte rationaliste de premier plan. Sa mère, Renata Melotti, chantait et jouait du piano, tout comme son frère, Fausto Melotti, qui était également un pionnier de la sculpture abstraite.

« J’ai grandi dans une maison remplie d’art et d’artistes, a raconté M. Pollini dans une entrevue. Les œuvres anciennes et les œuvres modernes coexistaient dans le cadre de la vie. »

M. Pollini a commencé à donner des concerts avant son 10e anniversaire, interprétant les Études de Chopin à 14 ans, puis remportant le Concours international de piano Chopin à 18 ans, en tant que plus jeune pianiste étranger parmi un groupe de 89 candidats.

Arthur Rubinstein, président du jury, aurait déclaré que le jeune pianiste « joue déjà mieux que n’importe lequel d’entre nous ».

Cependant, après sa première reconnaissance internationale, M. Pollini a mis sa carrière entre parenthèses pour étudier, expliquant que se produire tout de suite aurait été pour lui « un peu prématuré ».

« Je voulais étudier, mieux connaître le répertoire, jouer la musique de Beethoven, Schubert, Brahms », a-t-il indiqué.

À la fin des années 1960, M. Pollini a participé à des concerts improvisés dans des usines et à des programmes pour étudiants et ouvriers de La Scala, dirigés par son ami de longue date Claudio Abbado.

Au cours de sa longue carrière internationale, il a également collaboré avec d’autres chefs d’orchestre célèbres, dont Riccardo Muti, Daniel Barenboim et Riccardo Chailly.

M. Pollini a effectué sa première tournée américaine en 1968. Des années 1970 aux années 1990, il a réalisé une série d’enregistrements avec le groupe Deutsche Grammophon, devenant ainsi un célèbre interprète de classiques comme Beethoven, Schumann et Schubert.

Ses albums ont remporté plusieurs prix, dont un Grammy en 2007 pour la meilleure performance instrumentale soliste (sans orchestre) pour les Nocturnes de Chopin.

Il laisse dans le deuil son épouse Marilisa et son fils Daniele, également pianiste et chef d’orchestre de renom.