On la savait habile à métisser son héritage musical brésilien, mais en remontant le fil de ses racines orientales, Mônica Freire met en scène une fresque sonore riche et empreinte d’une grande douceur.

Faire du surplace, ce n’est pas dans les habitudes de Mônica Freire. Née au Brésil, elle a vécu sur quatre continents, du Japon aux Antilles en passant par la France et le Québec. Sa vie de grande voyageuse trouve son écho dans sa musique : ses deux premiers disques québécois (Bahiatronica et Na Laje) étaient enracinés au Brésil, mais intégraient des éléments divers, allant de la musique électronique, au reggae ou à la musique indienne.

Ilhada, son premier album depuis 2008, est pourtant d’une tout autre envergure. Sans renier l’héritage de son pays natal, qui se manifeste notamment dans les chansons Nos, une samba en duo avec sa compatriote Fabiana Cozza, ou Vai la Pra Ca, Mônica Freire le fusionne ici avec des instruments typiques de la musique du Proche-Orient comme l’oud et le kanun. Ce métissage est le reflet de son propre arbre généalogique : ses aïeux, du côté de sa mère, viennent du Liban et de la Syrie.

Il n’y a absolument rien de cosmétique ou d’esthétisant sur Ilhada. Les mélanges de traditions musicales coulent de source. Les instruments anciens côtoient avec naturel la lutherie électronique et les guitares électriques, composant un écrin sonore actuel, inventif, audacieux et immensément accueillant pour la voix douce de la chanteuse, qui passe d’ailleurs constamment du français au portugais.

Mônica Freire évoque des blessures profondes et de la solitude sur ce beau disque. Or, il transporte aussi beaucoup d’espoir et de bienveillance. Ilhada marque bien plus que le retour espéré d’une musicienne talentueuse, c’est une collection de petites symphonies métissées, une boîte à bijoux de sonorités superbement agencées.

Connaissant Mônica Freire, on sait déjà que la transposition scénique de ce beau disque sera enlevante. Elle propose déjà un premier rendez-vous, le 20 mars au Lion d’Or. Le spectacle est gratuit, mais il faut réserver.

Extrait de Areia

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Ilhada

Musique brésilienne métissée

Ilhada

Mônica Freire

Mônica Freire / Audiogram

8/10