À Noël, on demandait toujours au petit Stéphane de jouer pour la famille et la visite. « J’aimais jouer, ce n’était jamais une punition. Mais à Noël, j’avais hâte de passer aux cadeaux ! »

Stéphane Tétreault avait 11 ans, était un enfant réservé, le teint blanc et les cheveux noirs à la Wednesday Addams, quand Yuli Turovsky, son professeur de violoncelle, nous l’a emmené comme soliste. Depuis quelques années je jouais avec I Musici, l’orchestre fondé par M. Turovsky ; les grands solistes y défilaient, mais peu de jeunes prodiges. Ce jour-là, on a vite compris que cet enfant irait loin.

Il fréquentait l’école FACE et chaque année, avec l’orchestre de son école, il jouait le concerto de Noël de Corelli, qui le faisait vibrer.

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Quelques années plus tard, Jacqueline Desmarais a acheté pour lui un exceptionnel violoncelle Stradivarius que la famille lui prête toujours depuis la disparition de la grande mécène.

L’instrument est presque devenu une extension du corps de Stéphane, qui le quitte des yeux seulement quand il repose dans son coffre-fort.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Stéphane Tétreault, en 2021, lors d’un spectacle hommage de l’Orchestre Métropolitain, dirigé par Yannick Nézet-Séguin

Pour lancer ce Noël des violoncellistes, je voulais prendre des nouvelles de l’ex-enfant prodige, toujours aussi doué, mais qui n’a plus rien de timide.

Stéphane a maintenant 30 ans. Il joue partout au Canada, où les réinvitations en disent long, mais il irait volontiers plus souvent à l’étranger.

Je suis toujours heureux quand je pars en tournée ! C’est compliqué avec le violoncelle, mais j’aime les aéroports, la route, la découverte ; je ne m’ennuie jamais.

Stéphane Tétreault

Au Canada, il gère lui-même sa carrière. Rencontres, courriels, téléphones, budgets, demandes de subvention : encore là, rien ne l’ennuie. « Honnêtement, j’aime tout ça, il n’y a rien dont je voudrais me débarrasser. Mais pour l’international ça prend une expertise et des contacts différents. »

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Stéphane Tétreault et Valérie Milot

Entre-temps, il vient d’enregistrer un deuxième disque consacré à Debussy, a donné un premier séminaire à l’Université de Montréal, et les projets se multiplient, entre autres avec Anémone 47, la compagnie de sa bonne amie harpiste Valérie Milot. Leur spectacle Transfiguration, après une vingtaine de représentations au Québec, sera à l’affiche de l’évènement contact Chamber Music America, à la mi-janvier, ce qui devrait leur ouvrir un nouveau marché. Je demande à Stéphane comment voyage cette magnifique scénographie, avec décor et projections.

« Dans un simple camion cube, ce n’est pas un show de Madonna ! On est six en tout. Ça reste léger et on peut profiter de chaque arrêt pour ajouter des activités à valeur sociale, par exemple des concerts en collaboration avec la SAMS (en milieu de santé) ou en milieu scolaire. »

Depuis quelques années, Stéphane Tétreault range son violoncelle pour le temps des Fêtes, mais cette année, il s’est régalé en jouant un arrangement de sa chanson de Noël préférée devant des aînés radieux et reconnaissants.

Il vous l’offre ici par un estimé collègue, Sheku Kanneh-Mason

Consultez le site de Stéphane Tétreault

Le Noël des violoncellistes : suggestions de musique pour le temps des Fêtes

Anna Burden, violoncelle solo associée à l’OSM, en congé de maternité avec ses jumeaux de 7 mois

« J’ai pu jouer jusqu’à 27 ou 28 semaines. Mon ventre poussait le violoncelle si loin que mes bras n’y arrivaient presque plus et que mon genou gauche ne touchait plus l’instrument, sans parler du mouvement constant des bébés dans mon ventre : toute une expérience ! »

Sa musique préférée : « L’oratorio de Noël de Bach. La ligne de violoncelle a un rôle majeur : elle souligne toute l’harmonie quand l’Évangéliste chante l’histoire. Le début de l’œuvre, tellement excitant, me renverse chaque fois. »

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Le 27 janvier, Anna sera en concert avec son ensemble Cassiopée au Conservatoire de Montréal.

Consultez la page du spectacle

Cameron Crozman, soliste et chambriste, Révélation classique de Radio-Canada en 2019

Son choix musical : « Le 2e mouvement du concerto de Dvorak, composé du 15 au 30 décembre 1894. C’est le dernier hiver que Dvorak a passé à New York avant de rentrer chez lui en Europe, et je trouve qu’on entend sa nostalgie de vouloir être de nouveau parmi sa famille et ses amis. »

Le 8 février prochain, Cameron jouera les Variations Goldberg de Bach en trio, à la Chapelle Notre-Dame de Bonsecours.

Consultez la page du concert

Amanda Keesmaat, violoncelliste d’Arion, orchestre baroque

Pour entendre Amanda, rendez-vous dimanche juste avant minuit, à l’église Saint-Stanislas-de-Kostka, boulevard Saint-Joseph Est. « C’est devenu une tradition pour ma famille. Sous la direction de Luc Beauséjour, on joue la messe de Noël de Charpentier avec la chorale de l’église et des instruments baroques. Moi qui suis anglophone, j’ai découvert les hits de la musique francophone de Noël grâce à Charpentier ! »

Charpentier a écrit sa Messe de minuit pour Noël en 1694, en récupérant une dizaine de noëls déjà traditionnels à l’époque. Ici, le classique Çà, bergers, assemblons-nous, utilisé pour un amen.

Leland Ko, gagnant du plus récent concours de l’OSM, un hyperactif qui a pratiqué le tennis de compétition, la course de fond, l’origami et la pâtisserie.

Mais son choix musical est tout sauf agité. « Le 2e mouvement de la sonate en fa majeur de Brahms me fait penser au temps des Fêtes, la saison où je l’ai entendu pour la première fois en concert, en 2011. Il évoque à la fois la neige qui tombe et la chaleur d’être entouré de ceux qu’on aime. »

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On attend avec impatience le retour de Leland Ko avec l’OSM.