Loin du rock lourd du groupe Fuudge où il se tient derrière la basse, Barrdo propose des arrangements folk et pop… et plus.

On ne croyait pas devoir seller notre cheval avant d’écouter le nouveau – et déjà cinquième ! – album de Barrdo. C’est pourtant sur des accords d’une guitare amoureuse du country que Jour inouï se met au petit trot… avant le crépuscule des accords aimés de Paul Daraîche quelques secondes plus tard au centre de l’offre de la pièce d’intro, Quand vient le temps.

Heureux que cette ballade chevaline ne soit qu’un court aparté musical, car c’est dans le folk typé des années 1970 qu’on aime notre Barrdo, celui qui nous avait accroché les oreilles par ses ritournelles faciles et bien foutues… et qui était venu nous livrer non pas à cheval, mais à vélo – en échange d’une bière, aucune cachette ici – un exemplaire physique de son disque (les) méandres de la soif, sorti en pleine pandémie.

Sur son nouvel album, les chansons Jamais assez, Tu peux rester si tu veux et – surtout – Terre en vue nous balancent à la gueule la mélancolie de l’artiste sur les départs, les relations amoureuses et les peines inévitables.

J’ai perdu le fil/des mois des années/Des détours des départs/j’en ai tant rêvé/De cette liberté/De ce territoire/la peur et la joie se confondent en moi/J’ai tout ce qu’il faut et rien à la fois

Paroles de Terre en vue

Barrdo a raffiné sa plume au fil des années, l’expérience de l’auteur s’entend. Et pour accompagner ses textes matures, guitare, orgue et batterie constituent le premier trio instrumental. L’auteur-compositeur, un amoureux des arrangements classiques, s’offre aussi les sonorités de violon et de violoncelle provenant des archets du quatuor Lunes.

Mais il n’y a pas que du folk orchestré sur ce nouvel opus. Ça groove poliment sur Ça se peut-tu (merci à David Bujold à la basse, le leader de Fuudge, groupe dans lequel Pierre-Alexandre joue… de la basse). Il y a aussi ce rock enfumé au cannabis entendu sur Tabarnak, qui rappelle le travail de Fred Fortin. On note aussi la comico-pièce C’est correct, où Alexandre nous jase de la difficile vie d’auteur-compositeur… lui qui est également à la tête du label indépendant montréalais Poulet Neige (il faut bien vivre, pas vrai ?).

La présence du multi-instrumentiste Jérôme Dupuis-Cloutier – qui accompagnait Les Cowboys Fringants sur scène depuis des années – à la trompette, au trombone et au cor permet à Barrdo d’éviter la copie de son travail passé. Une invitation bienvenue et qu’on espère répétée dans l’avenir.

Barrdo termine son nouvel album en chantant « me semble je suis dû/me semble que c’est le temps… ». Bien d’accord : si vous ne connaissez pas, il serait temps de découvrir cet artiste.

Extrait de Terre en vue

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Jour inouï

Folk pop

Jour inouï

Barrdo

Poulet Neige

7/10