Avec deux Félix chacun, dont celui d’Artiste masculin et féminin de l’année, Alexandra Stréliski et Daniel Bélanger sont les grands gagnants du 45e gala de l’ADISQ. Mais ce sont Les Cowboys Fringants qui ont remporté le trophée du cœur et de la dignité.

Daniel Bélanger a été l’artiste le plus primé cette année avec cinq trophées : ces deux prix s’ajoutent à la récolte de trois – Album pop, Choix de la critique, Réalisation – qu’il a faite mercredi dernier, lors du Premier Gala et du Gala de l’industrie.

Dimanche, lors du gala qui s’est déroulé à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, Daniel Bélanger a d’abord reçu le prestigieux prix de l’auteur ou compositeur de l’année pour son album Mercure en mai, sorti il y a un an. La catégorie était comme d’habitude très relevée, avec Philippe B, Ingrid St-Pierre, Alexandra Stréliski, Lydia Képinski et Philippe Brach. Ce dernier n’avait pas d’autre nomination dimanche soir ; il termine donc sa très belle récolte de trophées avec les trois qu’il a reçus mercredi.

On a revu Daniel Bélanger en fin de soirée, alors qu’il a été choisi Interprète masculin parmi FouKi, Ludovick Bourgeois, Patrice Michaud et Richard Séguin. « Je suis très touché. Merci à tout le monde qui aime mon travail et qui vote pour lui », a dit Daniel Bélanger, qui a reçu rien de moins que 31 Félix depuis le début de sa carrière en 1992.

Alexandra Stréliski conclut son année ADISQ avec trois trophées, puisqu’elle avait déjà été lauréate mercredi pour l’Album instrumental pour Néo Romance. Dimanche, elle a reçu avec étonnement le prix du Rayonnement international et était visiblement touchée.

C’est difficile de gagner un prix pour l’international sans avoir le cœur lourd à penser à ce qui se passe dans le monde. Mais j’ai toujours pensé qu’on pouvait résister par l’art et lutter par le beau.

Alexandra Stréliski

Alexandra Stréliski a terminé sa soirée avec le Félix de l’Artiste féminine, choisie parmi Ginette Reno, Guylaine Tanguay, Lisa LeBlanc et Roxane Bruneau. « Je remercie le public. Si je suis là, c’est grâce à vous. Acheter un billet, un chandail, un CD, c’est un acte de soutien à votre culture. »

Une première

L’autrice-compositrice-interprète innue Kanen a fait l’histoire dimanche en étant la première artiste autochtone à recevoir le très convoité trophée de la Révélation de l’année, pour lequel les finalistes étaient Bibi Club, Calamine, Jeanick Fournier et Francis Degrandpré.

Elle est remontée sur scène un peu plus tard pour venir chercher celui de l’Artiste autochtone. Celle qui était finaliste avec Katia Rock, Matiu, Natasha Kanapé Fontaine et Shauit a dit sa fierté de chanter en français et en innu-aimun. « Il faut chanter dans notre langue », a-t-elle dit, lançant comme ses collègues de Maten mercredi un appel aux radios commerciales de faire jouer davantage d’artistes autochtones.

Tous les autres gagnants du gala de dimanche ont doublé leur nombre de Félix. Michel Rivard a été récompensé en début de soirée pour le Spectacle de l’année, un prix qui s’ajoute à celui du Script de l’année reçu mercredi, tout ça pour son très beau Tour du bloc. « En me le remettant, vous encouragez la diversité générationnelle ! », s’est amusé l’auteur-compositeur-interprète qui célèbre ses 50 ans de carrière avec cette tournée. « Merci au public qui est là depuis 50 ans, et qui est parti pour être là encore un bout. »

Le prix lui a été remis par un Robert Charlebois ému et éloquent, qui en a profité pour rendre un très bel hommage à Guy Latraverse, à qui la soirée était dédiée. « Guy, c’était passion, passion, passion. Et vision. Sans lui, on n’aurait pas d’ADISQ, ni de Francos. »

Ginette Reno, qui avait remporté le prix de l’Album adulte contemporain mercredi, a eu dimanche celui de l’Album de l’année – Succès populaire. Elle est montée sur scène sous les applaudissements nourris du public, qu’elle a reçus la main sur le cœur.

« Après 65 ans, je pogne encore ! », s’est exclamée la chanteuse, qui a remercié l’ADISQ, ses collaborateurs, et Jean Coutu… où ses albums étaient vendus en exclusivité. Devant l’éclat de rire de la salle, elle a lancé un « J’ai trouvé un ami ! » particulièrement bien placé, puis ajouté, émue : « Merci surtout le public qui s’est procuré l’album. Je suis fatiguée un peu parce que je suis vieille, mais je n’ai jamais perdu mon émerveillement. »

Huit millions de Cowboys

Après avoir reçu mercredi le prix de l’Album – Réinterprétation, Les Cowboys Fringants ont été sacrés dimanche Groupe ou duo de l’année, une catégorie à laquelle ils commencent à être habitués. Le groupe, qui a vécu une année de grandes émotions, était en lice avec 2 Frères, Bleu Jeans Bleu, Les Trois Accords et Salebarbes. Alors que le chanteur Karl Tremblay a dû rester chez lui avec ses enfants à cause de la maladie, les trois autres membres sont montés sur scène pour cueillir leur prix avec élégance.

Dans son numéro d’ouverture, Louis-José Houde avait d’ailleurs souhaité que la soirée soit à l’image d’un spectacle des Cowboys Fringants, « digne, forte, fière et festive », et dédié le gala à Karl Tremblay.

« On a toujours dit qu’on était 20 Cowboys, en comptant les musiciens et les techniciens qui nous entourent. Depuis cette année, on sait qu’on est huit millions de Cowboys », a dit le bassiste Jérôme Dupras.

Marie-Annick Lépine a souligné à quel point le groupe a été touché par la tendresse et la solidarité que lui ont témoignées le public et les amis artistes. « Après 27 ans ensemble, on est devenus une vraie famille. » « Karl, il est pour toi, a seulement ajouté Jean-François Pauzé. Je te salue, mon homme. »

C’est Salebarbes qui a remporté le dernier trophée de la soirée. Après avoir reçu celui du Spectacle – Variétés/Réinterprétation mercredi, son irrésistible Gin à l’eau salée a été choisie Chanson de l’année, ce qui montre à quel point le groupe s’est rapidement taillé une place dans le cœur du public.

« C’est la première chanson qu’on a écrite ensemble, a souligné Jean-François Breau. C’est le début d’une aventure qui continue. »