Ce cinquième album de l’auteur-compositeur-interprète québécois est marqué par un souffle heureux et des collaborateurs de renom

On croyait Bobby Bazini engagé pour toujours sur la voie d’une soul-pop bien faite, mais trop lisse pour vraiment surprendre. Mais l’auteur-compositeur-interprète québécois fait la preuve avec ce cinquième album qu’il n’est jamais trop tard pour se renouveler vraiment tout en respectant son essence.

Dès la première écoute de la première chanson, Pearl, qui est aussi le titre de l’album, surprise ! On sent qu’il va se passer quelque chose de beau, d’actuel et d’étonnant. Avec son intro de batterie évanescente, son enrobage de cordes et ses touches de harpe, ses chœurs lancinants, son léger plancher de clavier et la voix douce du chanteur qui explose par moments, l’atmosphère de Pearl est ouverte et lumineuse et annonce parfaitement une suite… qui ne déçoit pas une seconde. C’est clair, le chanteur a pris des risques, s’est donné de la liberté et de l’espace et s’est entouré des bonnes personnes pour le faire.

Certaines critiques déjà parues évoquent Michael Kiwanuka et c’est vrai que le groove de fond de ces 11 morceaux rappelle la touche magique du chanteur britannique. Mais entre le gospel et la samba (oh la beauté mélancolique d’Ojalá), la soul et le folk (oh la profondeur de Forever Had to End, écrite avec Chris Stapleton), Bobby Bazini livre un album avec un son bien à lui et cohérent d’un bout à l’autre, et qui a certainement bénéficié de l’apport et de l’oreille attentive du réalisateur montréalais Connor Seidel (Charlotte Cardin, Les sœurs Boulay).

Le reste de l’équipe est à l’avenant côté talent : le claviériste Conner Molander (Half Moon Run), le batteur Robbie Kuster (Patrick Watson), la harpiste Éveline Grégoire-Rousseau (Barr Brothers), le flûtiste et saxophoniste Félix Petit (Les Louanges) et Antoine Gratton aux arrangements de cordes. Ils ajoutent leur empreinte selon les besoins et avec délicatesse dans chacune des pièces, qui sont toutes aussi solides les unes que les autres – franchement, il n’y en a pas une seule ici qui vient déparer l’ensemble.

On ressort de cet album qui parle de recommencement, d’amour et de nature humaine avec en tête les joyeuses envolées de flûte de Take It Out on Me et l’envie de voir la vie du bon côté. Et la voix toujours aussi riche, doucement gravelée et plus nuancée que jamais de Bobby Bazini – sa performance dans les ruptures de ton de la chanson Waterfallin’, par exemple, est hallucinante – nous accompagnera parfaitement dans la (déjà) nostalgie de la fin de l’été.

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Pearl

Soul folk

Pearl

Bobby Bazini

Spectra

8/10