Le concert en plein air de l’Orchestre Métropolitain du 2 août 2022 avait été un succès monstre, avec une assistance de quelque 50 000 personnes. Celui de mercredi soir, donné un an plus tard, jour pour jour, semble avoir au moins égalé ce chiffre, tout en allant encore plus loin en matière de surprises et de coups d’éclat.

Après Pénélope McQuade l’an dernier, c’est l’humoriste Katherine Levac qui a animé la soirée, entretenant une complicité certaine avec le public, notamment les plus néophytes, dont elle a candidement avoué faire partie.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

L’humoriste Katherine Levac a animé la soirée.

Mais c’est le chef Yannick Nézet-Séguin qui remporte la palme de l’épate avec ses trois ensembles vestimentaires de la soirée, passant d’un veston en strass noir à une camisole multicolore puis à une chemise rose, toujours avec ses habituels shorts.

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Le chef Yannick Nézet-Séguin

De West Side Story à Dvořák

L’orchestre a commencé la soirée par une pièce absente du programme, l’irrésistible Mambo des Danses symphoniques de West Side Story.

Changement total d’atmosphère ensuite avec une pièce de la Vancouvéroise Jean Coulthard (1908-2000), une élève de Vaughan Williams, qui trône au panthéon des compositeurs anglo-canadiens. Son Kalamalka (Lake of Many Colours), un « prélude pour orchestre » créé en 1974 pour la CBC (à une époque révolue où la radio d’État faisait des commandes d’œuvres), est une pièce magnifique d’une dizaine de minutes, éminemment debussyiste, où les vents occupent une place importante.

Saut en arrière de presque un siècle ensuite avec les deux derniers mouvements de la Symphonie n7 en ré mineur, opus 70, de Dvořák, que le chef, bien de son temps, a demandé aux membres du public d’immortaliser avec leur téléphone.

Nézet-Séguin a très bien défendu cette œuvre, tellement qu’on aimerait bien l’entendre la diriger au complet dans un lieu plus propice comme la Maison symphonique. Le scherzo est réalisé avec une agréable impatience et le finale se distingue par un beau sens du lyrisme et de l’architecture.

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Le monument à sir George-Étienne Cartier dominait la foule.

Couleur et intensité

Venait ensuite le moment québécois de la soirée, avec la Rhapsodie romantique d’André Mathieu, une œuvre qui aurait dû être créée au mont Royal dans les années 1960, un évènement tombé à l’eau. L’œuvre est toutefois revenue à la vie par les bons soins de l’infatigable Alain Lefèvre, mais aussi de l’orchestrateur Gilles Bellemare. On l’entend notamment dans le film Le prodige, sur la vie de Mathieu, mais aussi sur un enregistrement avec l’Orchestre symphonique de Montréal.

Lefèvre l’a défendu avec son intensité habituelle sur un grand Steinway déplacé pour l’occasion. Il a été chaleureusement ovationné par le public.

La Rhapsodie était suivie du rutilant Danzón no 2 du Mexicain Arturo Márquez, une partition de 1994 qui fait un tabac partout dans le monde.

Puis est arrivé le dernier bonbon de la soirée, l’interprétation de La vie en rose avec nulle autre qu’Ariane Moffatt, avec un accompagnement orchestral rythmé et coloré.

Espérons qu’on retrouvera une partie de ce public enthousiaste cette année pour la saison en salle.