(Toronto) Gordon Lightfoot laisse une empreinte durable sur les mélomanes et certains musiciens canadiens estiment que son influence sur l’identité collective du pays est incommensurable.

Le chanteur rock Tom Cochrane a décrit Lightfoot, mort lundi à l’âge de 84 ans, comme un ami personnel et une source d’inspiration, qui est devenu l’un des « artistes culturels phares » du Canada tout en demeurant « un sacré bon gars ».

Cochrane a honoré à deux reprises pour ses contributions musicales l’auteur-compositeur-interprète des chansons If You Could Read My Mind et Sundown. La première fois, c’était lorsqu’il a intronisé Lightfoot au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens, en 2003.

Lors de cette cérémonie, il a comparé Lightfoot à un peintre du Groupe des Sept, un compliment qui selon lui avait trouvé écho chez le musicien folk, qui « se considérait véritablement comme l’incarnation culturelle de qui nous sommes en tant que nation ».

Un représentant de la famille de Lightfoot a annoncé lundi qu’il était décédé de causes naturelles à l’hôpital Sunnybrook de Toronto. Il avait souffert de nombreux ennuis de santé au cours des dernières décennies.

De nombreux musiciens et politiciens se sont tournés vers les réseaux sociaux pour exprimer leur tristesse, dont Bryan Adams.

« Je me considère assez chanceux de pouvoir dire que Gordon était un ami et je suis dévasté de savoir qu’il est parti. Le monde est moins grand sans lui », a-t-il écrit.

Jann Arden a affirmé que les chansons de Lightfoot sont « tissées dans la fibre de notre vie quotidienne ».

« Nous connaissons tous les mots, même si nous ne pensons pas les connaître », a-t-elle poursuivi.

D’autres artistes à l’extérieur du Canada lui ont rendu hommage. L’écrivain Stephen King a qualifié Lightfoot d’« interprète merveilleux », tandis que l’acteur et réalisateur Ben Stiller l’a qualifié de « génie », dont « la musique occupe une si grande place dans [sa] vie ».

Attachement au Canada

Steven Page, ancien membre des Barenaked Ladies, a parlé de Lightfoot comme « l’archétype de l’auteur-compositeur-interprète canadien » qui a connu un succès retentissant aux États-Unis.

En entrevue téléphonique, Page a fait remarquer que malgré son succès aux États-Unis, Lightfoot s’était rarement déraciné longtemps de son pays natal. « Même s’il a passé du temps aux États-Unis et y a enregistré des disques, il était toujours profondément lié au pays, au paysage et à la personnalité du Canada. »

Tom Cochrane ajoute que les liens indéfectibles de Lightfoot avec le Canada ont été évoqués lors d’une conversation avec le chanteur. « Il m’a dit : “Tu sais, les arbres poussent dans certains sols, et ce sol a été très puissant pour ma croissance” », se souvient-il. « Pourquoi devrais-je quitter ce pays ? C’est là que je porte fruit. »

Le premier ministre Justin Trudeau a d’ailleurs souligné le lien fort qui unissait Lightfoot à son pays. « À travers sa musique, il racontait des histoires qui immortalisaient l’esprit canadien, écrit-il. C’est particulièrement le cas de son emblématique Canadian Railroad Trilogy, qui fera toujours partie du patrimoine musical de notre pays. »

La ville d’Orillia, en Ontario, où il était né, pleurait mardi son célèbre fils, qui a eu un impact immense sur cette communauté et bien au-delà. La Ville d’Orillia a mis en place mardi des livres de condoléances à l’Opéra et à l’hôtel de ville, avec une version en ligne également disponible.

Né à Orillia en 1938, Gordon Lightfoot a chanté, enfant, dans la chorale de son église, tout en rêvant de devenir musicien de jazz. Dans la vingtaine, il a ensuite émergé de la scène des clubs folk de Yorkville, à Toronto, dans les années 1960.