Une fois par mois, La Presse présente quelques rendez-vous attendus pour les amateurs de musique classique.

Le Nouvel Ensemble Moderne (NEM) convie les passionnés de musique classique contemporaine à un voyage en Europe de l’Est vendredi (19 h 30) à la salle Claude-Champagne. Sa cheffe Lorraine Vaillancourt a discuté avec nous des œuvres au programme et des défis que rencontre la musique d’aujourd’hui.

« Je me suis tournée vers des pays qu’on n’a pas l’habitude de fréquenter, que ce soit la Slovénie, la Tchéquie ou la Turquie », relate celle qui est à la tête du NEM depuis sa fondation en 1989.

Elle a également pu profiter d’une résidence de la compositrice ukrainienne Alla Zagaykevych l’automne passé au Vivier pour lui commander l’œuvre And only the reed glistens in the sun…, qui sera créée vendredi.

« C’est une musique très calme, très suspendue, un paysage de guerre. Une musique qui est assez sombre, mais très belle », affirme Mme Vaillancourt au sujet de cette œuvre inspirée de l’amitié entre deux poètes chinois il y a plus de 1000 ans.

PHOTO BERNARD PRÉFONTAINE, FOURNIE PAR LE NOUVEL ENSEMBLE MODERNE

Lorraine Vaillancourt

C’est la beauté qui caractérise ce concert. Elle pousse partout, même dans les décombres, même dans les cadavres.

Lorraine Vaillancourt, cheffe du Nouvel Ensemble Moderne

La création aura été précédée, lors du concert, par deux œuvres slovènes d’une dizaine de minutes chacune, soit Shadows of Stillness de Nina Šenk et Fired-Up de Vito Žuraj, respectivement écrites en 2020 et en 2013.

Si la première œuvre, gravitant autour d’un trio de cuivres, est inspirée par le calme consécutif au confinement du début de la pandémie, la seconde, créée à Milan par le chef québécois Jean-Michaël Lavoie, s’inspire de la friction d’une allumette.

« Les musiciens manipulent des pierres, frappées ou frottées, ce qui n’est pas évident puisqu’ils doivent aussi gérer leur propre instrument », explique Lorraine Vaillancourt, à propos de Fired-Up.

Après la pause, c’est au tour des pays qui commencent par « t », la Tchéquie, avec Solitudo (2003) de Martin Smolka, et la Turquie, avec le Requiem pour une terre perdue (2009) de Tolga Yayalar.

Selon la cheffe du NEM, la première partition, qui utilise des micro-intervalles (intervalles plus petits que le demi-ton) « est particulièrement inspirée du blues, du jazz, avec des mélodies quasi tonales, car le compositeur a désaccordé certaines notes, ce qui donne une couleur particulière ».

C’est plus l’importance du rythme qui ressort chez Yayalar, dont l’œuvre, la seule déjà interprétée en concert par le NEM (au début des années 2000 lors d’une résidence à l’Université Harvard), s’interroge sur les rapports entre le patrimoine millénaire d’Istanbul et la modernité.

« Comment il va dire ça en musique ? Il faut venir l’entendre pour comprendre ! », lance Mme Vaillancourt.

Bagage

La directrice artistique plaide à la fois pour la création et pour la formation d’un véritable canon contemporain. « Pour avoir le goût de réentendre des choses, il faut avoir un certain bagage. Mais on ne la construit pas cette mémoire chez le public, surtout avec la disparition de la radio », dit-elle, évoquant au passage la regrettée Chaîne culturelle de Radio-Canada, passée au tordeur en 2004.

L’artiste se souvient de la chance qu’elle avait, dans son Saguenay natal, « de pouvoir entendre des choses dont on ne soupçonnait même pas l’existence ». Elle parle également de sa mère, de condition modeste, qui montait le son en entendant jouer du Ligeti à l’ancienne radio d’État.

« Il y a des natures qui ont toujours envie de découvrir, qui sont attirées par des choses qu’elles ne connaissent pas. Mais ce n’est pas la majorité. Les enfants sont comme ça, ils veulent voir le même film 150 fois parce qu’ils l’ont aimé. C’est très humain », admet Lorraine Vaillancourt.

Nul besoin d’être un « spécialiste » pour aimer le contemporain. « C’est comme avec la peinture, illustre la musicienne. On ne passe pas notre temps à comprendre comment ça a été fait. On aime les couleurs, les formes, les mouvements, on aime reconnaître ou pas certaines choses… Si on a la curiosité, on peut développer le sens de l’analyse et aller plus loin. On peut aussi recevoir les choses de manière très directe, très primaire. »

« Si vous acceptez de faire le voyage, vous pouvez être sûr que vous irez quelque part. On vous emmène ! », convie la cheffe.

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Piano et dodo avec Alexandre Tharaud

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Alexandre Tharaud

Le piano n’est pas toujours un instrument relaxant, mais il le sera sous les doigts d’Alexandre Tharaud le 5 mai à la salle Bourgie. Le pianiste et ses invités convient les mélomanes à venir entendre, à partir de 22 h 15, un programme méditatif tout en étant confortablement assis ou couché. Les couche-tôt pourront assister à une lecture musicale de son livre Montrez-moi vos mains au même endroit dès 19 h, au son de Rameau, Schubert… et Tharaud !

Le vendredi 5 mai, à 22 h 15, à la salle Bourgie

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Un digne couronnement de saison pour la Chapelle de Québec

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Bernard Labadie et Magali Simard-Galdès

La Chapelle de Québec et son chef Bernard Labadie feront leur dernière apparition montréalaise de la saison le 12 mai (19 h 30) à la Maison symphonique avec un programme Haendel qui lui va comme un gant, programme « testé » le mois passé au Carnegie Hall, excusez du peu ! Accompagnés des Violons du Roy et des solistes Magali Simard-Galdès, Tim Mead et Neal Davies, ils nous feront vibrer au son des — on ne peut plus de circonstance — Coronation Anthems, de la Musique pour les feux d’artifice royaux et de l’Ode pour l’anniversaire de la reine Anne.

Le vendredi 12 mai, à 19 h 30, à la Maison symphonique

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Deux jalons mozartiens à Arion

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Julien Chauvin

Le chef et violoniste français Julien Chauvin se distingue en Europe avec l’ensemble Le Concert de la Loge, qu’il a fondé en 2015 en vue de dépoussiérer le répertoire lyrique et instrumental français. Nous aurons la chance de l’entendre à la tête d’Arion du 19 au 21 mai à la salle Bourgie. Un Arion assez élargi, puisque sera au programme la grande Symphonie n41, « Jupiter », de Mozart, de même que son Concerto pour hautbois, qui braquera les projecteurs sur le soliste québécois Daniel Lanthier, qui mène une carrière intense en Europe.

Les 19, 20 et 21 mai, à la salle Bourgie

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Francis Choinière prend d’assaut la Place des Arts

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GFN Productions présentera un ciné-concert autour du Retour du Jedi à la salle Wilfrid-Pelletier.

Francis Choinière n’a pas fini de nous surprendre ! Il montrera sous peu son don d’ubiquité… ou presque. En effet, le 20 mai au soir, au moment même où GFN Productions, la compagnie qu’il a fondée avec son frère et un ami, présentera un ciné-concert autour du Retour du Jedi à la salle Wilfrid-Pelletier sous la direction du chef états-unien Erik Ochsner (concert aussi donné en après-midi et la veille au soir), Choinière dirigera son Orchestre et Chœur philharmonique des mélomanes juste à côté à la Maison symphonique dans la magnifique et rarement entendue Sea Symphony de Vaughan Williams.

Consultez le site de la Place des Arts