Avec son extravagance toute théâtrale, son goût pour la performance et la démesure et son côté androgyne, pas étonnant que Lumière se soit inspiré d’une des périodes les plus exubérantes de l’histoire du rock — le début des années 1970 – pour créer Glam, son deuxième album, qui sort vendredi.

« Lumière, c’est glam », laisse tomber Étienne Côté en s’assoyant après la séance photo, pour laquelle il a apporté une spectaculaire cape rouge. C’est que l’auteur-compositeur-interprète, qui est aussi batteur dans le groupe Bon Enfant, est le genre d’artiste complet qui ne laisse rien au hasard. Look, ambiance, récit, il y a toujours une mise en scène dans l’univers de Lumière, son alter ego plus fou, plus excentrique… plus glam, quoi.

J’ai toujours été intéressé par le rapprochement entre le théâtre et la musique. J’ai de la difficulté à ne pas imaginer un personnage, à ne pas penser en termes de concept.

Lumière

Sorti il y a deux ans, mais longuement mijoté, son premier album A. M. I. E. S. A. M. O. U. R. s’inspirait précisément de l’année 1971 et était « hippie et fleur bleue, plus dans l’arc-en-ciel », explique le musicien. Glam, qui a été créé dans l’urgence à la fin de l’été dernier avec un noyau de musiciens amis, est plus rock, plus cru, et s’en va autant du côté d’Elton John que de The Who.

« On est plus en 1973-1974, dans des couleurs un peu plus sombres. On se sent d’attaque. On n’avait pas le temps de niaiser ou de tourner autour du pot. C’est brut, et c’est ce qu’on voulait. »

Mais si le ton a changé, Lumière aime toujours autant raconter des histoires. Après la quête amoureuse d’A. M. I. E. S. A. M. O. U. R., c’est l’attrait de la gloire qui l’intéresse dans Glam, avec les hauts très hauts et les bas très bas de la vie de musicien.

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« J’ai quitté la campagne/Pour me produire en ville », chante-t-il dans Rock Band, qui ouvre cet album de 13 chansons racontant le parcours d’un musicien qui lui ressemble étrangement : Étienne Côté a en effet quitté il y a une décennie son Saint-Antoine-de-Tilly natal pour venir étudier en percussion classique à Montréal, avant de bifurquer vers le rock.

« On parle de musique, mais les gens peuvent se reconnaître dans cette histoire, dans leurs ambitions. Quand on a toujours envie d’en avoir plus, on n’est pas en train de profiter de ce qu’on a. »

Reste que Glam est une incursion assez descriptive dans la vie d’un musicien de tournée, avec « les décalages horaires, le non-repos, le déracinement tout le temps ». « Très Band on the run, plus The Wings que Beatles », précise Lumière. Et que l’ensemble donne l’impression que les conditions n’ont pas tant changé depuis les années 1970.

« Ça reste pas facile et il faut vraiment aimer ça », opine-t-il, expliquant qu’il a appris avec les années à naviguer dans cette vie faite de contrastes.

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On a quand même envie de lui demander comment va Lumière… et comment va Étienne ?

« Les deux vont très bien. Je suis content de comment a été reçu le premier album, compte tenu du contexte pandémique et que c’était nouveau. J’ai senti une très bonne réception et ça m’a donné envie de continuer. Et Étienne va bien. Je joue avec Bon Enfant aussi, je suis assez occupé, c’est bien stimulant, ce qui arrive. »

Pour cet album qui mise beaucoup sur la narration et qu’il voulait « clair et tranchant » pour qu’il n’y ait « pas d’ambiguïté », Lumière a demandé à Charles-Philippe Laperrière, qui est prof de cégep et auteur, de faire un travail d’éditeur sur ses textes. Ensemble, ils ont passé au peigne fin chaque phrase, chaque mot qu’il avait écrit.

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« On pouvait passer une journée sur une chanson. Et s’il y avait quelque chose de pas bon, on ne le balayait pas sous le tapis. Il n’y a eu aucune négligence et tout est à sa place. »

Authenticité

Pour Lumière, « le rock n’est pas mort pantoute ». Et alors que tout le monde s’inquiète de l’avenir de la musique avec l’avènement de l’intelligence artificielle, il reste convaincu que rien ne pourra remplacer l’originalité. Parce que « les machines n’ont pas de conscience » et qu’elles ne savent que reproduire en s’inspirant d’un « pattern ».

Les gens en auront marre rapidement que tout se ressemble tout le temps. Ils vont chercher l’affaire la plus différente possible, parce qu’ils auront l’assurance que c’est authentique, qu’il y a un humain derrière.

Lumière

Dans le cas de Lumière en tout cas, l’originalité n’est pas un problème. Celui pour qui la performance est le principal moteur a bien hâte de remonter sur scène avec ses nouvelles chansons, que ce soit au Québec ou en France, où sa carrière est bien amorcée après qu’il a assuré des premières parties pour Clara Luciani et Pierre Lapointe l’an dernier.

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Comment se traduira Glam sur scène ? « C’est sûr que je veux donner un bon show. Comme dans les années 70, très Queen Rock Montreal ! Je veux des changements de costumes, des interludes musicaux, quitter la scène et laisser les musiciens jouer, revenir… »

La création de costumes commence d’ailleurs bientôt — « il y aura du mauve, des couleurs plus sombres, des trucs plus structurés, moins d’affaires qui dépassent ». Et c’est le réalisateur de l’album, Alexandre Martel (Lou-Adriane Cassidy, Thierry Larose), qui assurera la mise en scène. Encore une fois, rien n’est laissé au hasard dans le monde apparemment désinvolte de Lumière.

« C’est ça, le glam. »

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