Le trio écossais Young Fathers a lancé sa carrière tel un feu d’artifice avec Dead, en 2014, un album explosif, coloré, fumant. Prix Mercury sous le bras, il a depuis poursuivi son ascension vers les étoiles, se propulsant d’abord dans les palmarès européens avec White Men Are Black Men Too (2015), puis nord-américains avec Cocoa Sugar (2018). À l’écoute du quatrième album, Heavy Heavy, sorti vendredi, toute la planète doit maintenant s’attendre à voir briller bien fort Young Fathers, et ce, pour de nombreuses années. 

Oui, c’est si bon que ça. Le mur du son construit dans le studio d’Édimbourg par Alloysious Massaquoi, Kayus Bankole et G. Hastings s’érige ici à coups de sonorités en provenance de styles musicaux de tous azimuts : afrobeat, pop, ecclésiastique, rock, industriel, techno, rap, house, soul. 

Ceux qui suivent la carrière de Young Fathers diront qu’il en a toujours été ainsi. Vrai. Mais sur ce disque, on sent que les trois artistes sont en plein contrôle de leurs instruments et de ce qu’ils veulent nous offrir. C’est ainsi que les couches sonores s’additionnent, se superposent, sans que l’on sente que c’est plaqué, de trop, ou simplement placé pour éblouir. Tout ici prend une place qui devient essentielle dans la construction des compositions, compliquées, majeures.

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Si on pouvait trouver les albums précédents linéaires – et avec quelques temps morts –, ici, ce n’est pas le cas : aucune des dix pièces ne laisse de répit à l’auditeur. Ça arrive de partout. Une voix hors-champ, un orgue, quelques violons, puis on entend un chœur, ou encore quelques notes de piano, une partition spoken word ou des cris tribaux.

Avec Heavy Heavy, Young Fathers atteint sa maturité musicale, rien de moins.

Avec une musique aussi riche, l’écoute des sujets exploités est simplifiée. Place des migrants, masculinité toxique, racisme systémique, violence policière – et meurtrière –, recherche identitaire, système capitaliste sans avenir ; des thèmes lourds et actuels sont traités. Et ils voyagent vers nos oreilles sur des rythmes d’une telle efficacité qu’il est impossible de ne pas chanter, danser, taper du pied et, surtout, espérer un passage du trio dans le ciel montréalais quelque part cette année – rien en ce sens pour l’instant sur nos radars, mais on croise les doigts.

Heavy Heavy

Alternatif

Heavy Heavy

Young Fathers

Ninja Tune

9/10