« Quand je joue avec Alejandro, c’est comme si nous faisions un road trip. Nous traversons des déserts, nous remontons la côte. Les plus beaux paysages s’offrent à nous, ainsi que des levers et des couchers de soleil. »

Estevan Gutiérrez, l’autre moitié du duo Hermanos Gutiérrez, ne pouvait mieux résumer la musique composée avec son frangin. Il suffit en effet de tendre l’oreille à la dizaine de nouvelles compositions regroupées sur El Bueno y El Malo pour voyager et se retrouver quelque part où les bonhommes de neige sont remplacés par des cactus.

Fils d’une mère équatorienne et d’un père suisse, les frères Gutiérrez ont fait leur apprentissage musical loin l’un de l’autre. Ils se sont forgé des identités musicales avant de se retrouver, il y a quelques années, à Zurich. Alejandro et Estevan ont alors commencé à enregistrer, en duo, des compositions instrumentales basées sur leurs compétences hors norme, à extirper le meilleur de leurs guitares. Car oui, les Hermanos Gutiérrez savent jouer avec brio de la six-cordes !

L’un armé d’une guitare classique, l’autre d’une lap steel, ils ont d’abord autoproduit quatre albums, de 2017 à 2020, où leur amour pour les sonorités western et bluegrass, de même que pour le soft rock mexicain des années 1950, offre une musique simple, dépouillée, où les envolées d’accords étirés sont fréquentes, mais jamais agressantes.

Et voilà que nous arrive, après deux ans de gestation — pandémie oblige –, cet El Bueno y El Malo. Beaucoup plus peaufiné que ses prédécesseurs, il nous fait entendre deux guitaristes en pleine possession de leur immense talent. En ouverture, la composition titre donne le ton. Une douce montée où des accords barrés, secs, se joignent aux tonalités déformées par le chevalet d’une steel.

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À la réalisation, un autre virtuose de la guitare : Dan Auerbach (The Black Keys). Dans son studio de Nashville, il a accompagné les frères Gutiérrez dans la construction de cette magnifique trame sonore qui nous rappelle les classiques cinématographiques de Sergio Leone ou de Quentin Tarantino… sans la violence.

Auerbach s’invite même aux côtés des frères sur la pièce judicieusement titrée Tres Hermanos. Semble-t-il que les trois hommes ont tellement aimé travailler ensemble qu’une nouvelle collaboration pourrait se répéter dans un proche avenir, pour notre plus grand bonheur. D’ici là, la chaleur émanant d’El Bueno y El Malo nous permettra d’affronter le froid des prochains mois sans problème.

El Bueno y El Malo

Musique instrumentale

El Bueno y El Malo

Hermanos Gutiérrez

Easy Eye Sound

8,5/10