Hubert Lenoir est le grand gagnant du 44e Gala de l’ADISQ qui se déroulait dimanche. L’auteur-compositeur-interprète a remporté trois des dix trophées qui ont été remis pendant la soirée, animée par Louis-José Houde pour la 17e année consécutive.

Ces trois prix se sont ajoutés aux quatre autres qu’il avait remportés lors des deux galas précédents cette semaine. Les festivités annuelles de l’industrie de la musique québécoise se concluent donc par une récolte de sept trophées sur onze sélections pour Hubert Lenoir et son PICTURA DE IPSE : Musique directe, son deuxième album solo paru il y a un peu plus d’un an.

Hubert Lenoir a d’abord reçu en début de soirée le Félix du rayonnement international, prix qu’il a dédié au public québécois, grâce à qui « tout commence ». Le chanteur s’est ensuite démarqué dans la très prestigieuse et relevée catégorie de l’auteur ou compositeur de l’année, où il se retrouvait aux côtés de Lisa LeBlanc, Les Louanges, Salomé Leclerc et Lou-Adriane Cassidy.

« Écrire des chansons. Tout le monde en écrit sans s’en rendre compte », a dit le chanteur dans des remerciements très éloquents qu’il avait pris le temps d’écrire. « Mon talent est d’y être attentif. Ça m’a permis d’être invisible et invincible, et donné la chance d’être moi-même. » Ce trophée, a-t-il ajouté, est « un hommage à l’humilité et à l’ambition et au refus des conventions ».

Quelques minutes plus tard, le chanteur a enfilé son costume de scène – robe blanche sous une veste de pompier – pour offrir une performance spectaculaire de sa chanson Dimanche soir, qui marquera certainement les mémoires.

Hubert Lenoir a finalement reçu le dernier trophée de la soirée en étant sacré interprète masculin, honneur ultime qu’il reçoit pour la première fois depuis son entrée fracassante dans le milieu de la musique québécoise il y a seulement quatre ans. Dans cette catégorie, où le vote du public compte pour 50 % et celui de l’industrie pour 50 %, Hubert Lenoir était nommé en compagnie de Ludovick Bourgeois, Corneille, Marc Dupré et Patrice Michaud. Dans ses remerciements, il a lancé un vibrant appel à la diversité et à l’ouverture.

« Un prix du public… À tous ceux qui disent que ma musique est écoutée par un microcosme de personnes dans des centres urbains, just shut the fuck up. Merci au monde qui écoute ma musique, je fais de la musique pour le monde. En même temps on vit chacun dans notre monde et peut-être que dans ton cercle d’amis, personne ne m’écoute. Mais c’est important d’être curieux envers les autres, de ne pas juger du premier coup et d’ouvrir ses œillères. C’est un message à l’industrie de la musique au grand complet. »

Roxane Bruneau pour la deuxième fois

Du côté des femmes, Roxane Bruneau a remporté le titre d’interprète féminine pour la deuxième année consécutive. Elle était finaliste avec Cœur de pirate, Lisa LeBlanc, Klô Pelgag et Sarahmée.

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Roxane Bruneau

« Un gros merci au public, a lancé l’autrice-compositrice-interprète, très émue. C’est vous qui m’avez créée, vous qui m’avez amenée jusqu’ici. »

Autre résultat du vote populaire, c’est la joyeuse troupe de Salebarbes, qui sème du bonheur partout où elle passe depuis près de trois ans, qui est repartie avec le trophée de groupe ou duo de l’année. Les cinq compères étaient cités en compagnie de 2Frères, Bon Enfant, Les Cowboys Fringants et Les Trois Accords.

« Le projet Salebarbes est pensé au nous plutôt qu’au je, a expliqué un des membres du groupe, Éloi Painchaud. Et partout où on va, le monde a envie de penser au nous avec nous. C’est capoté raide. »

Dans la catégorie de la chanson de l’année, c’est l’immense hit de FouKi et Jay Scøtt, Copilote, qui a été plébiscité, après avoir reçu mercredi le trophée de la vidéo de l’année. « J’ai écrit cette toune-là en bobettes dans ma chambre, et aujourd’hui on est là. Je veux juste dire que tout est possible », a rappelé Jay Scøtt.

Autres catégories

La catégorie Révélation était bien diversifiée cette année, comme on a pu le constater lors des performances, allant de la chanson classique de La Zarra à la douceur lyrique d’Étienne Coppée en passant par la poésie de Natasha Kanapé et le folk de Jay Scott. Le prix a été remis à Ariane Roy, qui semblait sincèrement surprise et émue. La jeune autrice-compositrice-interprète a lancé cette année un solide premier album, Medium plaisir, à peine deux ans après sa participation aux Francouvertes.

Les Cowboys Fringants ont ajouté un 21e Félix à leur collection en récoltant le prix de l’album de l’année – succès populaire, pour la bande sonore de leur film L’Amérique pleure, qui avait d’ailleurs déjà été récompensée mercredi dans la catégorie Réinterprétation.

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Les Cowboys Fringants

Merci au public, aux fans qui nous suivent depuis 26 ans. C’est grâce à vous si on gagne ce trophée ce soir.

Marie-Annick Lépine, des Cowboys Fringants

Après avoir remporté plusieurs prix en 2021 pour l’album Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, dont celui d’autrice ou compositrice de l’année, Klô Pelgag continue de récolter les honneurs avec son projet. Cette année, c’est le spectacle qui a été primé, choisi parmi une dizaine de finalistes, dont Vincent Vallières, Roxane Bruneau, Ariane Moffatt et Patrice Michaud, preuve que 2022 a été la véritable année de la reprise des spectacles.

C’est d’ailleurs ce qu’a souligné l’autrice-compositrice-interprète en allant chercher son trophée. « Ce spectacle a été une grande aventure avec la pandémie et la post-pandémie. Je suis allée jouer au Japon, en Angleterre, en Europe, je me considère chanceuse. Merci aux musiciens, et bravo à tout le monde dans cette catégorie, qui font de la musique. C’est courageux, c’est important et nice. »

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Laura Niquay

Dans la catégorie Artiste autochtone, Laura Niquay a été choisie parmi les finalistes Beatrice Deer, Natasha Kanapé, Scott-Pien Picard et Samian. C’est un doublé pour l’autrice-compositrice-interprète atikamekw, qui avait déjà reçu mercredi le Félix de l’album de l’année – langues autochtones pour son excellent Waska Watisiwin.

Émile Bilodeau a par ailleurs présenté un très solide numéro, dans lequel il a laissé toute la place à trois artistes autochtones, Samian, Laura Niquay et Claude McKenzie.

Pour ce premier gala « normal » en trois ans, plusieurs performances sont venues ponctuer la soirée animée avec toujours le même sens du punch par Louis-José Houde. Entre Cœur de pirate et Patrice Michaud accompagnés par le Quatuor Esca en début de soirée et la soul de Corneille en duo avec Dashny Jules un peu plus tard, on a eu droit à une battle au sommet entre les deux grandes voix que sont Mario Pelchat et Bruno Pelletier. Et deux duos féminins sont venus enflammer la soirée : Édith Butler et la reine du disco chiac Lisa LeBlanc, ainsi que les rappeuses Naya Ali et Sarahmée.