Il y a beaucoup de concours au Québec ? Peut-être. Mais il n’y avait pas de prix Mouffe, un tout nouveau coup de pouce à la relève chansonnière francophone dont le Théâtre Outremont annonce la création ce jeudi.

« J’ai déjà écrit une chanson qui s’appelle Miss Pepsi », lance Mouffe au bout du fil, comme si elle évoquait un morceau obscur du patrimoine musical québécois. « La chanson disait : “J’cours les concours, y paraît qu’j’ai toute pour.” C’est ce qui est en train d’arriver au Québec. Tout est concours de popularité. »

La popularité, voilà l’exact contraire de ce que célébrera le prix Mouffe, une initiative du Théâtre Outremont, au conseil d’administration duquel siège depuis plusieurs années la légendaire parolière, metteuse en scène et membre de la distribution de L’Osstidcho.

La récompense sera plutôt remise à un artiste de la relève canadienne qui écrit, en français, des chansons se distinguant par la qualité de leurs textes.

Si elle a été la muse de Charlebois, Claudine Monfette est depuis devenue la mentore de nombreuses cohortes d’auteurs-compositeurs-interprètes, auprès de qui elle ouvre régulièrement les portes de son savoir, lors d’ateliers et de formations. C’est ainsi en toute logique que le lauréat du prix Mouffe, choisi à la suite d’un appel de candidatures, remportera non seulement 10 000 $ et une occasion de jouer sous les projecteurs de l’Outremont, mais pourra aussi se prévaloir du regard avisé de trois mentors (mise en scène, production et diffusion de spectacles).

« Les mots sont mes meilleurs amis »

Que le prix qui porte son surnom soit décerné à un artiste qui a fait le choix de la langue de Louise Forestier, Mouffe y tenait. « La langue française m’est chère depuis des siècles », blague, en se vieillissant un tantinet, la créatrice de 77 ans.

Les mots sont mes meilleurs amis, parce qu’ils ont plusieurs sens, plusieurs étages, ça ne finit jamais. Je ne me sentirai jamais seule ou abandonnée tant que j’aurai les mots de la langue française.

Mouffe

Et qu’est-ce qu’une bonne chanson, selon l’autrice d’Ordinaire et Madame Bertrand ? « C’est une chanson qui réjouit autant l’esprit que l’oreille, qui rappelle une émotion qui est universelle. C’est un dénominateur commun, c’est la flèche qui atteint sa cible en plein cœur. Mais c’est aussi un objet d’artisanat. C’est fabriqué par un humain. Les gens pensent que c’est facile, écrire une chanson, parce que ça se fredonne, mais non, ça s’apprend, comme on apprend à construire une chaise. »

L’appel de candidatures pour le prix Mouffe sera lancé en septembre et le premier lauréat, connu en janvier 2023. Mais Mouffe, elle, en écrit-elle encore des chansons ?

« Non, plus personne ne m’appelle pour ça. » Et si un jeune musicien lui faisait la grande demande ? « Si c’est quelqu’un de la bouche de qui j’aimerais entendre mes mots, oui, pourquoi pas ? »