Croisement trap-punk, esthétique queer, dope.gng détonne. Originaire d’Hochelaga, le duo sera à Fierté Montréal vendredi. La Presse en a profité pour rencontrer ses deux membres à L’Espace Public, rue Ontario.

D’un côté, il y a Yury Marven Jean, alias Zilla, serveur et DJ à la microbrasserie L’Espace Public. De l’autre, on trouve Victor Tremblay-Desrosiers, ou Yabock, MC — mic controller – et batteur professionnel à l’allure punk.

Nonchalants et peu bavards, Zilla et Yabock sont meilleurs amis. Ils se sont rencontrés au secondaire lorsqu’ils étudiaient le jazz au Collège Jean-Eudes. La musique n’a donc rien de nouveau dans leur vie.

Zilla a joué du violon jusqu’à l’âge de 12 ans, puis il a appris la trompette. Aujourd’hui, il fait danser les clients de L’Espace Public sur des sons pop, dance, house et disco. Yabock, lui, a plusieurs projets musicaux. Ce rappeur aux cheveux colorés est également le batteur de Valery Vaughn, son duo rock, de Gab Bouchard et même de sa mère, Mara Tremblay. Il joue avec elle depuis qu’il est majeur. Victor, de son prénom, a commencé la batterie à l’âge de 3 ans.

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

Yabock et Zilla

« C’est à cause d’elle que j’écoute autant de musiques différentes », nous dit Victor en parlant de sa mère. « Quand j’étais jeune, poursuit-il, elle me faisait écouter Gros Mené, Gillian Welch, Beck et Beastie Boys. Elle m’a beaucoup fait écouter le premier album de Gatineau. C’est drôle parce que Seba [de Gatineau] est la première personne qui nous a donné une chance. Il nous a fait monter sur scène aux Francos en 2016. »

Un bagage qui se ressent dans la musique du duo. « dope.gng, nous explique Zilla, a toujours été dans toutes les directions possibles. Tant qu’on trippe et tant que les gens trippent, on y va. »

La drogue et le rap comme points communs

Liés d’amitié grâce à Kid Cudi (maître du hip-hop alternatif) et au cannabis, les deux rappeurs tiennent à faire de la musique de party plaisante à écouter.

Le nom dope.gng a d’ailleurs été bien choisi : la drogue est profondément ancrée dans l’univers du duo. Les paroles parlent de consommation et les titres y font également référence.

Le premier album s’appelle Fiend (terme qui désigne une personne accro aux substances), le deuxième est Drogue maison et le tout dernier, Top Net, compte trois chansons qui s’intitulent Drogue chalet (II, III et IV).

dope.gng, c’est deux gars super sensibles qui prenaient beaucoup de drogue et qui en parlaient beaucoup.

Yabock

Zilla l’interrompt pour dire qu’il en consomme encore.

« Oui, oui, lui répond Yabock, mais il y a un shift en ce moment ; on va parler un peu moins de drogue. » Une explication qui fait rire Zilla. « Un peu moins », se moque-t-il.

« On n’en consomme pas extrêmement beaucoup, dose Yabock. C’est juste qu’on le dit et qu’on le met de l’avant. »

Zilla, de son côté, affirme que les gens « font de la dope » sans nécessairement le dire. Ainsi, le but est de déstigmatiser les consommateurs. Ils peuvent être « ben smatts », maintient Zilla. Les membres de dope.gng en sont la preuve vivante.

Être politiques sans être politiciens

En février dernier, le duo a lancé ce qu’il considère comme un ovni dans sa discographie : Brûler des condos.

Produit par le comédien Anglesh Major (King Dave, District 31) et Dj Manifest (bras droit de Koriass en spectacle), le morceau incarne le ras-le-bol de certains jeunes d’Hochelaga.

Les deux rappeurs hurlent les paroles dans la chanson : « Tout ce que je veux, c’est brûler des condos, choquer des boomers, […] j’veux brûler le Québec de Legault ! »

Cela a tout de suite fonctionné : Brûler des condos est maintenant l’une des chansons les plus écoutées de dope.gng.

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Mais si elle demeure un ovni, c’est parce que Yabock et Zilla ne veulent pas jouer les politiciens. « C’est tough de faire de quoi d’engagé sans que ce soit corny [kitsch] », croient-ils.

Cela ne les empêche pas de porter une cause. « Être, c’est politique, et, des fois, notre présence sur scène [aussi]. »

À ce sujet, ils ont hâte de se produire à Fierté Montréal parce qu’ils adhèrent aux causes défendues par le festival.

Yabock le dit clairement : « L’univers queer, c’est notre entourage, pis c’est nous. Jouer à Fierté pis montrer notre appui en même temps, c’est aussi une façon de dire : “Écoutez, ça, c’est nous autres, nos valeurs, et si ça ne vous plaît pas, ben…” »

dope.gng sera en spectacle à l’évènement ImmiX le vendredi 5 août dès 20 h à l’Esplanade du Parc olympique dans le cadre du festival Fierté Montréal.