Sam Fender a fait paraître l’an dernier son second album, Seventeen Going Under, chronique des embûches qui ont jalonné la fin de son adolescence. Le ténébreux Britannique semblait destiné à exorciser par la musique les blessures de cette jeunesse parfois difficile. Nous en avons discuté avec lui par visioconférence, en avril dernier.

Certains vous qualifient d’héritier du rock britannique. Vous êtes-vous toujours imaginé avoir cette carrière de musicien ?

Mon père et mon frère sont musiciens. J’avais environ 8 ans quand j’ai eu ma première guitare. C’était la première chose dans laquelle j’avais du talent. C’était naturel de chanter à la maison, alors j’ai toujours eu la confiance de le faire. Je n’ai jamais eu peur de me lancer là-dedans. Vers l’âge de 13 ans, je savais que c’était ce que j’allais faire pour le reste de ma vie.

Vos textes sont l’une des choses que le public et la critique apprécient le plus dans vos chansons. Est-ce que l’écriture vous est venue aussi naturellement que le fait de jouer de la guitare et chanter ?

Je n’étais pas super bon à l’école et un jour, une prof m’a dit que je m’exprimais comme un premier de classe à l’oral, mais que j’écrivais très mal. Je restais après l’école, et elle m’a appris à écrire. Et quand j’ai eu environ 15-16 ans, j’avais des A à l’écrit. J’ai commencé à écrire de la poésie. C’était assez nul, mais petit à petit, j’en suis arrivé où j’en suis.

Vous venez de North Shields, dans le nord de l’Angleterre. L’endroit où vous avez grandi a-t-il eu un grand impact sur vos chansons ?

Absolument. Le Nord-Est est l’un des endroits les plus défavorisés de Grande-Bretagne. C’est rude. Mais c’est aussi magnifique et charmant. Parmi les personnes avec qui j’ai grandi, certaines sont les plus drôles que j’ai rencontrées de ma vie. On développe un humour particulier quand on vit dans la misère. Mes humoristes préférés sont ceux qui sont très en colère. Cet humour et cette colère se retrouvent dans ma musique. […] Bruce Springsteen a eu une énorme influence sur moi. Il vient de Jersey Shore et moi, de Geordie Shore. Ce que Springsteen décrit et ce que j’ai vu en allant au New Jersey, ça me fait penser à la maison.

Sur votre deuxième album, Seventeen Going Under, vous parlez justement beaucoup de votre enfance à North Shields, des choses que vous y avez vécues, des opinions politiques que ça vous a laissées. Pourquoi avoir voulu raconter cette période précise de votre vie ?

Parce que j’ai commencé une thérapie ! Et parce qu’on était en confinement et que rien ne se passait, que je ne voyais personne. Alors j’ai écrit sur moi. Mon psychologue me faisait parler de mon enfance. Et c’est tout ce à quoi je pensais à ce moment-là. L’écriture de l’album a été très cathartique. Ça m’a rapproché de mes parents aussi. Ça m’a permis de mieux comprendre mon père – la chanson qui parle de lui [Spit of You] est sa préférée, d’ailleurs, étonnamment !

On parle des textes, mais sur le plan de l’instrumentation, même s’il y a toujours beaucoup de guitares, on sent que vous avez voulu en faire plus...

Je voulais que ce soit plus grandiose, avec beaucoup de cordes et de cuivres. Ça s’est naturellement développé ainsi. J’ai aussi gagné en confiance vu que c’était mon deuxième album. Ce que je souhaite, c’est que l’écoute de ma musique soit une expérience édifiante. C’est une musique triste mais pleine d’espoir. Ça parle de surmonter les difficultés, mais surtout du fait qu’il y a une lumière à la fin de tout. Le fait de parler de choses très intimes m’a permis de toucher encore plus de monde. On a atteint un tout autre niveau. On joue devant des arénas de 15 000 personnes. C’est de la folie ! [Ces concerts] sont des moments d’euphorie et de communion. C’est incroyable de voir tant de gens chanter mes paroles, de constater que ces chansons sont importantes pour eux. […] Je me sens tout de même comme un imposteur. J’ai encore l’impression qu’on va bientôt venir me dire que c’est fini, que je dois retourner travailler. J’ai l’impression que tout ça est un rêve !

Sur la scène de la Rivière le 31 juillet, 14 h 40

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