On l’a remarquée sur scène comme guitariste au côté de Gab Bouchard, entre autres artistes, mais Marie Claudel est aussi une excellente autrice-compositrice-interprète qui lance ce vendredi son troisième album en cinq ans. Entrevue découverte.

Pourquoi en parler ?

Le contraste entre les riffs de guitare qui grafignent et la voix douce et riche de Marie Claudel, l’ambiance rock mélancolique, les textes qui évoquent le voyage et les amours déçus, les mélodies fortes, la réalisation légère, la profondeur de l’ensemble.

Le chemin

Marie-Claudel Chénard a commencé à jouer de la guitare à l’âge de 9 ans, et n’a jamais arrêté depuis. « J’ai enseigné la guitare quand j’étais au cégep et, avant mes albums solos, j’ai eu un groupe folk qui tirait sur le trad avec ma sœur, qui est une super bonne guitariste aussi. » À 28 ans, elle fait de la musique professionnellement depuis plus de 10 ans déjà, mais c’est en étudiant à l’École nationale de la chanson de Granby en 2013 qu’elle a vraiment décidé d’en faire une carrière. « Ça m’a convaincue que je voulais faire ça de ma vie. Mes profs venaient de l’ancienne école, Marie-Claire Séguin, Robert Léger, et j’ai beaucoup aimé ça. Ils m’ont sortie de ma zone de confort. Ça m’a aussi beaucoup dégênée, parce que j’étais très timide avant ! »

Le rock

Après deux albums plus folk, le mini Charmant fiel en 2016 et l’album Ne parle pas aux étranges en 2018, Marie Claudel met de l’avant dans Version longue un côté beaucoup plus rock. « J’ai beaucoup écouté de rock québécois, Galaxie, Fred Fortin… Ça m’a toujours fait triper, les gros sons de guitare, les gros riffs. Ça faisait longtemps que j’avais envie de me laisser aller là-dedans, et là, j’avais une belle équipe pour ça. » Marie Claudel s’est en effet bien entourée pour cet album, qu’elle a coréalisé avec François Lafontaine et Nicolas Basque, avec des musiciens aguerris comme le batteur Andrew Barr et le multi-instrumentiste Jesse McCormack, qui jouait sur son précédent album. Elle aurait pu être intimidée ; leur présence l’a plutôt inspirée. « Ça me donnait de l’adrénaline de travailler avec eux. Je suis contente, ça paraît dans le son. On avait une belle bulle créative. »

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Natashquan

Il y a une certaine mélancolie dans Version longue, que Marie Claudel assume. « Je suis beaucoup là-dedans. » Nombre des textes de l’album ont été écrits à Natashquan, sur la Côte-Nord, ville dont elle est tombée amoureuse il y a quatre ans et où elle retourne chaque été depuis. « C’est comme mon paradis perdu à moi. À Natashquan, tout est doux. Je suis tellement bien là-bas que, des fois, je me promène et j’oublie de manger. Ça m’emmène dans un espace-temps que je n’ai jamais connu. Les paysages sont inspirants, et les gens sont gentils. C’est tellement sain. Il y a beaucoup de ça dans mes chansons. »

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PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Marie Claudel en spectacle avec Gab Bouchard au Festival de la chanson de Tadoussac, en juin dernier

L’accompagnatrice

Marie Claudel a accompagné de nombreux artistes sur scène, comme Thierry Larose, David Giguère et Gab Bouchard, et elle entend continuer à mener les deux carrières de front. « Ça crée un bel équilibre, et les deux me rendent vraiment heureuse. » La musicienne dit avoir acquis beaucoup de confiance sur scène au cours des dernières années, particulièrement avec Gab Bouchard. « Je me laisse aller, je bouge plus. J’ai vraiment appris et je le ramène dans mes chansons. » En fait, sa présence sur scène est remarquable et inspirera certainement de jeunes musiciennes. « Ah, ça me gêne un peu… Mais c’est vrai que beaucoup de jeunes viennent me dire ça après les spectacles. Ça me touche. » Elle pourrait avoir le même effet que des musiciennes comme Mara Tremblay et Catherine Durand ont eu sur elle – elle les remercie d’ailleurs à la fin de l’album. « Mara m’a appelée l’autre jour pour jouer sur ses spectacles, je suis une fan finie… Ces femmes sont pour moi des modèles. Alors, j’espère que je peux l’être pour d’autres, oui ! »

La suite

Marie Claudel a fondé récemment sa propre étiquette de disques, Maison Métropole. « Il y a beaucoup de maisons de disques de nos jours, c’est quand même saturé. Mais j’ai voulu partir quelque chose qui me ressemblait. » Elle l’a fait toute seule, en posant beaucoup de questions, mais aimerait bien que son projet se développe. « Mon but serait de m’unir avec d’autres artistes, comme une coop. J’ai beaucoup d’amis qui ont signé des deals vraiment pas justes pour eux. J’ai créé ça pour aider des gens qui veulent être indépendants et avoir une équipe avec eux. » Elle espère pouvoir voyager avec son album, en Europe et dans les festivals, aimerait accompagner plus de gens et jouer dans des house bands à la télé. « Je ne demande pas grand-chose ! » Et toujours, toujours avec sa guitare comme moyen d’expression préféré. « Ah, les sons qu’on peut faire avec une guitare… Je suis une fille qui ne joue pas standard, en tuning normal, et chaque fois que je trouve une autre note, un nouveau riff, ça me fait triper. Il y a beaucoup de choses à explorer ; on dirait que c’est infini. »

Marie Claudel sera en spectacle au Verre Bouteille ce vendredi dans le cadre de Coup de cœur francophone.

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