Elle est née en Côte-d'Ivoire, mais sa musique est africaine au sens large. Elle chante en langue bambara, en mina, en baoulé, en malinké, en beté, en wolof ou en français sur des rythmes de ziglibiti ivoirien, de bikutsi camerounais, de rumba congolaise ou de highlife ghanéen.

Nuits d'Afrique n'aurait pas pu trouver meilleure ambassadrice que Dobet Gnahoré pour ouvrir son 22e festival, qui débute officieusement demain soir au Kola Note.

Par son approche résolument panafricaine, cette jeune chanteuse de 26 ans incarne à elle seule le rêve d'une Afrique sans frontières, décomplexée et ouverte sur elle-même. Politiquement, cette belle utopie s'est soldée par des échecs à répétition. Artistiquement par contre, elle a donné lieu à d'encourageantes expériences. Pour Dobet Gnahoré, qui a grandi à Ki-Yi, une commune alternative et métissée de la région d'Abidjan, il n'y a pas de doute : ce sont les créateurs qui doivent montrer la voie...

«Pour moi, chanter toutes ces langues et tous les styles est une façon d'unir le continent par mon art et ma musique, explique la chanteuse, jointe à Kingston, Ontario. On n'a pas besoin de visa pour parler les différents dialectes africains. Et moi, j'ai envie de les valoriser, toutes ces langues. J'ai envie que tous les Africains se sentent bien dans leur peau d'Africains...»

Vivre en France

Ironiquement, c'est de France que Dobet Gnahoré a choisi de poursuivre ses activités. Ce choix de vie (son mari et guitariste est français) lui permet non seulement de rayonner plus facilement sur la scène internationale, mais aussi de voir l'Afrique avec du recul. «Le fait de vivre en Europe m'a beaucoup ouvert l'esprit, souligne la chanteuse. Cela dit, mon plus grand rêve est de retourner vivre chez moi un jour».

Ce n'est sans doute pas pour demain. Car la carrière de Dobet Gnahoré marche plutôt bien pour l'instant. Endossée pour ses deux premiers albums par la maison de disques Cumbancha, cousine de l'étiquette world beat Putumayo, la belle Ivoirienne voit sa réputation grandir dans le circuit des musiques du monde. Certains l'ont comparée à Rokia Traoré, Angélique Kidjo, Sally Nyolo et Cesaria Evora «toutes réunies en une...». Si elle trouve que la comparaison fait peur, elle admet que toutes ces femmes (elle ajoute aussi Miriam Makeba) l'ont inspirée d'une manière ou d'une autre.

Amatrice d'opéra, de musique électronique et de pop contemporaine à la Björk, Dobet Gnahoré se présente du reste comme une «traditionnelle», plus attirée par la chanson que par les rythmes à la mode.

Cela ne l'empêche pas de booster ses prestations avec de nombreuses chorégraphies, héritage direct de sa formation de danseuse. Son style? Un heureux mélange de danse contemporaine et ancestrale, livrée dans un esprit d'improvisation pure.

«J'aime bien penser en termes de spectacle, plutôt qu'en termes de concert, conclut la chanteuse. Quand je chante, les gens sont assis. Mais dès que je danse, ils deviennent fous...»

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DOBET GNAHORÉ, ce soir au Kola Note 20 h 30. Infos : www.festivalnuitsdafrique.com.