Notre collègue Richard René, journaliste au pupitre à La Presse depuis un quart de siècle, n'est plus. Il s'est éteint dans la nuit de mercredi à hier à l'âge de 55 ans.

Si Richard n'était pas une figure connue du public, le quotidien perd pourtant l'un de ses piliers.

Ce gentil colosse, dont l'immense gabarit n'était dépassé que par sa générosité et son humanité, a principalement fait sa marque au pupitre - le service qui assure l'édition et la mise en pages des textes.

Son sens de la nouvelle, son attention aux détails ainsi que son professionnalisme ont fait de lui une référence pour tous les journalistes qui l'ont côtoyé.

Il offrait une oreille attentive à ses collègues et, avec la même patience et la même amabilité, faisait figure de sage auprès de ses patrons, qui n'hésitaient pas à lui demander conseil.

Toujours soucieux de livrer aux lecteurs un journal d'une qualité exceptionnelle, il tirait une grande fierté de son travail ; ce désir d'excellence est devenu contagieux pour des générations de journalistes au pupitre, qui voyaient en lui un grand frère, si ce n'est un père.

En fait, peu de gens faisaient autant l'unanimité que lui.

« Il y a de ces personnages, dans les salles de rédaction, qui accomplissent depuis toujours, dans l'ombre, un travail colossal, admirable et nécessaire : Richard était un de ceux-là », a souligné Éric Trottier, vice-président à l'information et éditeur adjoint de La Presse.

« Richard était l'homme des missions spéciales, celui qui trouvait des solutions aux problèmes qui, autrement, auraient pu nous plonger dans une crise. Mais au-delà de sa compétence immense, je pense qu'il nous a tous marqués par sa très grande gentillesse et son sens de l'humour, particulièrement les soirs de grande tension », a ajouté M. Trottier.

Richard René a été embauché par La Presse en 1995 comme journaliste au pupitre affecté aux sports. Il a d'ailleurs signé quelques textes dans cette section ainsi que dans le cahier Auto. En 2004, il a été promu chef de pupitre, poste de direction qu'il a occupé jusqu'en 2010, alors qu'il a demandé de réintégrer l'équipe d'édition.

Passionné de langue française, il avait enseigné le français au secondaire au collège Jean de la Mennais pendant cinq ans avant d'amorcer sa carrière journalistique.

Ayant succombé à un arrêt cardiaque, Richard laisse dans le deuil sa femme Carole ainsi que leurs trois fils Grégoire, Gabriel et Charles - lui aussi journaliste à La Presse. Tous les membres de la salle de rédaction leur offrent leurs plus sincères condoléances.

Les détails concernant ses funérailles n'étaient pas encore connus, hier.

***

Gardien d'une tradition

Suivant une tradition qui, selon la légende, aurait été instaurée dans les années 70, voilà des décennies que l'équipe du pupitre de La Presse rabroue amicalement, quoique fermement et bruyamment, tout collègue qui commet l'acte odieux... d'éternuer. Avec sa voix de stentor, Richard s'est toujours assuré que cette pratique demeure bien vivante, plongeant dans un mélange de confusion et de terreur les pauvres collègues qui, fraîchement embauchés, se rendaient coupables d'un « atchoum » anodin sans avoir été informés des étranges moeurs du pupitre. Nous nous engageons, adoré collègue et ami, non seulement à ce que cette gentille moquerie soit honorée, mais à ce qu'elle se perpétue, encore et encore. Sois tranquille, aucun éternuement ne sera toléré.