Le quotidien Le Devoir renouvelle, dans un mémoire déposé vendredi après-midi dans le cadre des consultations publiques sur renouvellement de la politique culturelle du Québec, son appel à une aide publique pour les médias imprimés, aux prises avec «une crise provoquée par les mutations numériques».

Le mémoire, présenté par le directeur du Devoir Bryan Myles lors des consultations montréalaises du ministre, y va de neuf recommandations, dont des crédits d'impôt de 50% sur la masse salariale et autres dépenses journalistiques en réponse à «l'urgence d'agir pour préserver nos médias nationaux».

Cet appel de M. Myles, aussi ancien président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) s'ajoute à celui, similaire, fait en juin dernier par la Fédération nationale des communications (FNC), qui regroupe les syndicats de journalistes de plusieurs grands médias québécois, dont La Presse.

Il va toutefois encore plus loin. Alors que la FNC réclamait par exemple un crédit d'impôt sur la masse salariale de 25% (35% en région), comparable à ceux offerts dans le multimédia et le cinéma, M. Myles pousse la demande à 50% et demande à ce que soient aussi admissibles les frais de reportage.

Un deuxième crédit d'impôt de 50% devrait aussi être consacré aux investissements numériques, comme l'acquisition de logiciels spécialisés ou la création d'applications, selon M. Myles. Dans les deux cas, les crédits ne seraient offerts qu'aux «entreprises de presse écrite déjà établies».

Suppression de la TVQ et de la taxe sur le recyclage, crédit d'impôt à la distribution rurale, crédit d'impôt aux particuliers qui font des dons aux entreprises de presse et augmentation des dépenses publicitaires de l'État dans les journaux québécois sont aussi sur la liste de souhaits du Devoir.

«Il ne s'agit pas de donner à l'État un droit de regard ou de l'influence sur les contenus, mais de donner un peu d'oxygène aux médias d'information qui cherchent à compléter leur virage numérique, explique M. Myles dans un communiqué. Si l'État s'en tient à des critères quantitatifs pour élaborer des mesures d'aide à la presse (tirage, taux de pénétration, masse salariale, etc.) et qu'il résiste à la tentation de faire une appréciation qualitative des contenus, la nécessaire séparation entre l'État et les médias sera préservée.»

«Notre secteur industriel mérite un programme d'aide au même titre que celui que le gouvernement du Québec offre à l'industrie cinématographique et télévisuelle», fait aussi valoir M. Myles dans ce communiqué.