Tout comme ça se passe à la télévision traditionnelle, aucune série originale de Netflix n'a accroché le public dès le premier épisode, révèle une étude dévoilée par le site de visionnement en ligne.

Netflix a analysé les données de visionnement de la première saison de plusieurs émissions populaires afin de déterminer quand les gens deviennent accro à une série et commencent à la consommer de manière intensive - ce que les anglophones appellent «binge-watching».

Les séries offertes sur des chaînes par câble Breaking BadThe Walking Dead et le drame juridique tourné à Toronto Suits ont toutefois accroché les Canadiens dès le second épisode.

Il leur a fallu jusqu'à trois épisodes pour s'enticher des productions de Netflix House of Cards et Bloodline, et jusqu'à quatre pour les comédies Grace and Frankie et Unbreakable Kimmy Schmidt.

En moyenne, il a fallu plus de quatre heures de Mad Men, soit six épisodes environ, pour que les fans de Don Draper se dévoilent.

Quant au superhéros Daredevil, il a dû se montrer plus patient et offrir jusqu'à six épisodes pour que les téléspectateurs s'entichent de sa série.

Selon Netflix, une fois rendus à l'épisode critique, 70 pour cent des téléspectateurs finissent la saison.

«C'est bien connu que le pilote est le plus important 30 minutes de la vie d'une émission, mais c'est finalement rarement ce qui accroche les gens», a analysé le directeur du contenu de Netflix, Ted Sarandos.

«Je pense aussi que le public a plus de patience que pensent les réseaux, a-t-il ajouté. Il va investir plus de temps dans une histoire s'il croit que ce sera payant. Mais ça peut prendre 30, 60, 90, 120 minutes pour avoir assez d'information pour décider d'investir dans ces personnages et cet univers.»

Cela modifie donc la manière de créer des émissions, note la cocréatrice de la célèbre série américaine Friends, Marta Kauffman. Durant l'élaboration de Grace and Frankie, Netflix lui a demandé de concevoir un premier épisode qui soit non pas un pilote, mais comme le premier chapitre d'un livre.

Le fait que les gens puissent désormais, avec Internet, écouter plusieurs épisodes d'affilée a vraisemblablement eu un impact sur les réseaux de télé conventionnels, croit M. Sarandos. Ils donnent maintenant plus de temps aux émissions pour se bâtir un auditoire.

«On ne voit plus d'émissions être retirées des ondes dès leur première semaine, ce qui se faisait il y a quelques années.»

«On peut investir dans une émission et finalement, faire une meilleure émission que seulement tenter de réussir un pilote.»