Les médias européens se sont immédiatement emparés de la révélation vendredi, par le magazine français Closer, d'une liaison prêtée au président français François Hollande avec Julie Gayet, centrant leurs interrogations sur l'actrice quasi-inconnue à l'étranger.

Faute de détails croustillants ou de rebondissements, ils ont limité leur couverture à un traitement factuel de l'affaire, rappelant les précédents chez les présidents français ou optant, notamment en Italie, pour une approche légère et people de cette liaison présumée.

À Londres, le site internet de la BBC a bondi sur ces affirmations en les plaçant en dominante mondiale pendant quelques heures dans la matinée avant de les rétrograder en troisième titre international tout en publiant des éléments sur la carrière et l'itinéraire de Julie Gayet.

La chaîne de télévision d'information continue BBC News a également montré la couverture du magazine people et traité largement le sujet dans la matinée avant de revenir au «business as usual».

Sa concurrente Sky News prenait, elle, la précaution de diffuser une couverture floutée de l'hebdomadaire people, tout comme le site internet du Daily Mail, l'un des plus lus au Royaume-Uni.

Le Times a été le seul à voir une possible «crise» pour François Hollande.

Plusieurs journaux britanniques, tels le Guardian, le Daily Telegraph ou le Daily Mirror, rapportaient factuellement l'histoire sur leur site internet. Ils ont cependant rappelé que Closer était le magazine qui avait publié en 2012 des photos de l'épouse du prince William, Kate Middleton, seins nus alors qu'elle était en vacances en Provence. Des clichés que la presse britannique à grand tirage n'avait pas repris.

Le Sun, quotidien le plus lu du pays, adepte du «French bashing» et des frasques des célébrités, ne mentionnait même pas les révélations présumées sur François Hollande, se réservant peut-être pour son édition papier de samedi.

Pour l'expert britannique en relations publiques Mark Borkowski, interrogé par l'AFP, «l'opinion publique dans le monde s'attend à ce genre de choses de la part des présidents français», mais la couverture des médias britanniques serait autrement plus agressive s'il s'agissait d'une figure politique nationale.

Cette affaire ne devrait pas avoir «d'impact négative à long terme»,  ajoute à l'AFP Harry Cole, spécialiste britannique des médias. À moins que le président français n'ait menti ou qu'il n'engage des poursuites judiciaires, «qui paraîtraient mesquines et inutiles».

«C'est une tempête dans un verre d'eau», renchérit Jean-Jacques Jespers, expert belge des médias interrogé par La Libre Belgique. «C'est du ressort de sa vie privée, et de surcroît il n'est pas marié à Valérie Trierweiler (sa compagne), il n'y a donc pas d'adultère» de la part du président.

En Belgique, où Closer a été imprimé, on s'interrogeait sur cette maîtresse présumée, une quasi inconnue à l'étranger. «François Hollande aurait une liaison amoureuse avec une actrice: qui est Julie Gayet?», s'interrogeait en titre le site de la chaîne de télévision RTL-TVI.

À Bruxelles, la vie privée des dirigeants politiques est cependant globalement respectée et notamment celle du Premier ministre Elio Di Rupo, qui ne cache pas son homosexualité. La presse n'a ainsi jamais cherché à rendre public le nom de son éventuel compagnon.

En Italie, habitué aux frasques de l'ancien Premier ministre Silvio Berlusconi, l'histoire était reléguée dans la rubrique «people» des sites internet.

En Allemagne, les sites internet d'information se contentaient d'une couverture factuelle. Signe de la discrétion sur la vie privée des politiques, le mari de la chancelière Angela Merkel, le scientifique de renom Joachim Sauer, n'a jamais accordé la moindre entrevue depuis presque neuf ans que son épouse dirige le gouvernement.

Une avocate spécialisée dans le droit de la presse, Delphine Meillet, jugeait, elle, que Closer avait «franchi un pas de plus». La vie privée, pourtant très protégée par la loi française, «se réduit comme peau de chagrin», ajoute-t-elle dans La Libre Belgique, estimant qu'«il y a quelques années, ils ne se seraient jamais autorisés à le faire».