La famille Nielsen est morte, peut-on lire dans la dernière édition du magazine Wired.

Derrière ce titre accrocheur, un constat: les cotes d'écoute telles qu'on les connaît aujourd'hui - un échantillonnage de plusieurs milliers de personnes duquel on extrapole pour évaluer l'auditoire d'une émission - cette méthode utilisée depuis plusieurs décennies donc, a fait son temps.

Plusieurs études le confirment, on ne regarde plus la télévision comme dans les années 1970, lorsque toute la famille était assise devant le même écran. On la regarde en différé, sur notre ordinateur portable ou notre tablette, en twittant ou en commentant sur Facebook.

Or les firmes spécialisées dans le calcul des cotes d'écoute, comme Nielsen et BBM, sont en retard d'une ou deux tendances et ne mesurent pas encore toute l'activité que génère une émission de télé dans les réseaux sociaux.

Les choses changeront l'automne prochain, du moins aux États-Unis. En effet, Nielsen s'est associée à Twitter pour lancer un nouvel outil qui évaluera combien de personnes ont participé à la discussion autour d'une émission ainsi que le nombre de personnes exposées à un mot-clé (une information non négligeable quand on sait que les trois quarts des personnes exposées à des tweets positifs à propos d'une émission ont tendance à la regarder par la suite).

Nielsen a également acheté SocialGuide, une firme qui calcule l'activité Twitter autour d'environ 36 000 émissions provenant de 234 chaînes en anglais et en espagnol aux États-Unis.

Au Québec, nous n'en sommes pas encore là, ce qui ne veut pas dire que les réseaux de télé d'ici ne portent pas attention à ce qui se passe dans les réseaux sociaux. Au contraire, ils sont très intéressés de savoir ce qui se dit sur Unité 9, La voix, ou Bazzo.tv.

Pour ce faire, ils utilisent les outils fournis par Twitter, Facebook, YouTube, etc. qui leur permettent de compiler certaines statistiques sur les différents comptes associés à des chaînes ou à des émissions.

Les réseaux de télé et les producteurs ont également accès à des outils plus sophistiqués, comme ceux offerts par la firme Seevibes, seule firme canadienne du genre. Chez Seevibes, on évalue la performance d'une émission en utilisant des critères comme le volume de commentaires sur les réseaux sociaux, leur fréquence, l'engagement du public et ce, à partir d'analyse de mots-clés. «Seevibes traite environ 50 millions de messages par semaine, explique son président Laurent Maisonnave. C'est 10 fois plus qu'il y a un an.»

Certaines émissions performent mieux que d'autres - on pense aux téléréalités, le succès mondial étant The Voice -, mais Laurent Maisonnave précise que les émissions qui font le plus parler d'elles dans les réseaux sociaux sont souvent celles qui ont élaboré une stratégie afin d'étendre leur durée de vie au-delà de la simple diffusion. On peut penser à La Galère, par exemple, qui offrait des entrevues avec l'auteure de la série en bonus sur Facebook.

Est-ce qu'une bonne performance dans les réseaux sociaux vaut la même chose qu'une bonne cote d'écoute aux yeux des annonceurs? Ça, c'est une autre paire de manches.

«Il y a un retard quand on compare le Québec avec les États-Unis, reconnaît Laurent Maisonnave qui dit faire un véritable travail d'évangélisation à travers le Canada afin de sensibiliser les annonceurs et les publicitaires à ces nouvelles façons de faire.» Les réactions aux nouvelles cotes d'écoute Twitter de Nielsen aux États-Unis feront sans doute beaucoup pour convaincre les diffuseurs canadiens du bien-fondé de la chose. En d'autres mots, c'est sans doute une simple question de temps avant qu'on adopte les mêmes outils ici.

#Onaime

C'est le site que tout le monde se recommande ces jours-ci sur Twitter et Facebook. Le sujet - un homme qui raconte le combat de sa femme contre le cancer du sein - est terrible, mais la façon d'en parler est magnifique. Une belle manifestation d'amour.

https://mywifesfightwithbreastcancer.com/