L'automne prochain, le Conseil de presse du Québec tiendra un colloque d'une journée consacré à la radio d'opinion, une radio qui, lorsqu'elle dérape, est qualifiée de radio-poubelle. Face à certains excès, le Conseil croit pertinent de redéfinir le cadre à l'intérieur duquel ce type de radio doit se pratiquer.

Qu'est-ce que la radio d'opinion d'abord? «Toute forme de radio qui permet un échange d'opinions et qui s'appuie sur un minimum de principes journalistiques», répond Guy Amyot, secrétaire général du Conseil.

À Montréal, Paul Arcand, Benoit Dutrizac et Pierre Maisonneuve font tous de la radio d'opinion. À Québec, Sylvain Bouchard de FM93 (qui a été l'objet d'une plainte de la part de Françoise David) et Stéphane Dupont de Radio X (récemment suspendu pour avoir commenté de façon très dure une décision du Conseil de presse le concernant), en font aussi.

Arcand, Dutrizac et Maisonneuve sont journalistes, mais Bouchard et Dupont ne le sont pas. Dans ce cas, devraient-ils se soumettre aux mêmes règles que leurs collègues? Guy Amyot croit que oui. «Au Conseil, on résiste à l'idée de les exclure de la catégorie des journalistes. S'ils sont considérés par les auditeurs comme une source crédible d'information, alors ils devraient être soumis aux mêmes règles. C'est trop facile de dire que quelqu'un n'est pas journaliste dès qu'il ne respecte pas le code.»

«On peut être provocant, ajoute M. Amyot, mais cela n'empêche pas de respecter certaines limites.»

Le danger, avec un tel colloque, c'est qu'il se transforme en tribunal pour juger quelques animateurs rock'n'roll de la radio de Québec. Le Conseil de presse en est conscient et c'est pour cette raison qu'il souhaite que la rencontre se tienne dans la Vieille Capitale, afin que les animateurs concernés, ainsi que les auditeurs de la radio, se déplacent en grand nombre. «Nous sommes un organisme neutre qui représente aussi bien les journalistes que les entreprises médias et le public, précise M. Amyot. On souhaite inviter les animateurs à participer au colloque et on aimerait également qu'ils en parlent dans leur émission ce jour-là.»

Ce débat autour de la radio d'opinion devrait également mener à une refonte du code de déontologie du Conseil de presse. «Nous n'avons pas renouvelé notre code depuis 2003 et nous réalisons que certains aspects sont dépassés et qu'il faut y apporter des modifications. Nous sommes actuellement en discussion avec la Fédération professionnelle des journalistes du Québec afin d'harmoniser nos deux codes pour en faire un seul qui s'appliquerait à l'ensemble des journalistes.»

Une question se pose, toutefois: même muni d'un code adéquat, le Conseil de presse a-t-il l'autorité morale pour imposer des règles à des animateurs qui ne sont pas membres de la FPJQ et qui travaillent pour une station de radio qui n'est pas membre du Conseil de presse? «Les stations n'ont pas d'obligation, c'est vrai, reconnaît Guy Amyot. Mais récemment, l'animateur de Québec Stéphane Dupont a été suspendu par son patron à la suite d'un blâme du Conseil de presse. C'est une illustration que l'autorégulation peut fonctionner et que nous pouvons avoir un impact.»