D’un côté, Jacques, alias Cowboy, loup solitaire blessé par la disparition de sa femme. De l’autre, René, le « Brian Gosselin » du quartier, prêt à tirer (sur) tout ce qui bouge.

À défaut d’être réunis sous un même toit, les deux hommes le sont sur une même charpente, comme l’exige leur métier de couvreurs, exercé au Lac-Saint-Jean. Sans parler des liens familiaux qui les unissent, à titre de beaux-frères.

Du haut de leurs toitures à retaper, au volant de leur camionnette de gars de la construction, tout comme dans les coulisses de leur entreprise, ils n’hésitent pas à glisser leur nez n’importe où – dans des affaires louches, ou entre les cuisses de leur clientèle. Et nous voilà à suivre les péripéties de ces deux bonhommes mal dégrossis, s’invitant avec leurs grosses bottes pleines de boue dans des bulles sociales proprettes qui ne sont pas les leurs.

Certes, ça sacre, ça boit de la bière à grandes gorgées, ça intimide et ça s’envoie promener à tout bout de champ, mais le tout est présenté au moyen d’une narration franchement comique, misant gros sur le politiquement incorrect, grâce à des tournures et répliques saillantes habilement imaginées par le tandem d’auteurs.

Et cela faisait un bout de temps – certainement depuis l’hilarant Roman fleuve, de Philibert Humm – que l’on n’avait pas ri autant de bon cœur devant des pages noircies (ici, en deux tons). Conclusion : ce n’est pas parce qu’un mets est gras qu’il manque de finesse.

Noir deux tons

Noir deux tons

Québec Amérique

232 pages

8/10