Vendredi soir, The Weeknd fut le premier facteur de consécration à Osheaga, enfin pour celles et ceux n'ayant pu assister au spectacle de mars dernier au Métropolis.

Dans des conditions d'écoute on ne peut plus discutables au pied de la scène de la Montagne (une portion importante de la foule manifestait un sérieux déficit d'attention), on a quand même pu recevoir la dose, encaisser le coup, conclure: le Torontois Abel Tesfaye est un artiste d'exception.

Facture plus lourde et plus musclée sur scène, judicieuse transposition d'enregistrements studio plus proches de la programmation et de la superposition de pistes numérisées, exploitation futée de l'instrumentation rock (guitare, basse, batterie, claviers, machines), soliste aucunement intimidé devant ces dizaines de milliers de personnes. Magnétique, en fait, ce mec encore au début de la vingtaine.

Encore faut-il rappeler qu'Abel Tesfaye est bien de son temps, malgré un organe vocal non sans rappeler celui de Michael Jackson : il est parmi ces jeunes artistes noirs ayant tout assimilé sans sectarisme aucun : dans la caboche se loge la pop de qualité, le R&B /soul /hip hop de qualité, le post punk (Smiths, Cure, Joy Division, etc.), la new wave, le rock hard, l'électro... Qui sait ce qu'il va nous ingurgiter au  prochain chapitre!

The Weeknd a tout bouffé, tout digéré et ainsi créé une musique à la mesure de son appétit.

De ses premiers mixtapes (House of Ballons, Thursday, Echoes of Silence) se dégage une majorité d'ambiances pluvieuses, brumeuses, noires. Or, sur scène, Tesfaye ouvre les rideaux et laisse souvent pénétrer le soleil, sinon les éclairs de l'orage. Pendant près d'une heure dans la cohue osheagienne, ça le fait pas à peu près! On imagine l'atteinte du paradis dans des conditions optimales.