Krin Haglund a choisi le lieu idéal pour ce Rendez-vous avec le public montréalais.

La petite salle feutrée du Quat'Sous était en effet le lieu idéal pour présenter ce spectacle burlesque charmant où l'artiste de cirque - qui a notamment travaillé avec Éloize et Les 7 doigts de la main - se livre à nous avec une belle folie.

La proposition de Krin Haglund a le mérite d'être claire. La pétillante maîtresse attend son prétendant pour un rendez-vous doux. Mais le beau ne se pointe pas. Tout le spectacle se passe dans l'attente de ce rendez-vous.

L'an dernier, Krin Haglund nous avait confié que l'idée de ce spectacle lui était venue d'une soirée ratée, où son amoureux de l'époque s'était pointé 17 heures en retard! Le pauvre souffrait d'un trouble du sommeil...

Pour se désennuyer, l'excentrique jeune femme multiplie donc les numéros. Par exemple en jouant avec ses longs colliers ou en créant une marionnette avec ses bas; marionnette avec qui elle dialoguera avant de la plumer en chantant «Alouette»...

Bref, rien n'est gratuit, et l'artiste de cirque montréalaise nous offre une performance clownesque tout à fait sympathique où les numéros sont au service de cette historiette. On ne se demande jamais pourquoi elle fait ceci ou cela. Tout se passe naturellement.

Ce résultat-là est le fruit d'un long travail de recherche. Le tout est d'ailleurs finement mis en scène par sa complice Alisan Funk. Krin Haglund nous rappelle qu'elle peut aussi exceller dans des numéros acrobatiques, au tissu et au trapèze, mais aussi à la roue Cyr.

Le rythme de ce «Rendez-Vous» est parfois lent et souffre de quelques moments de flottement, mais chaque fois, l'artiste, qui a une présence magnétique sur scène, parvient à capter l'attention du public lorsqu'il tend à se replier sur lui-même. Il n'y a pas à dire, elle est charismatique.

Les meilleurs moments sont d'ailleurs ceux où Krin Haglund interagit avec le public.

Par exemple en invitant un spectateur à vider la bouteille de vin qu'elle a débouché - en buvant de sa coupe de toutes les manières possibles. Ou lorsqu'elle crée une scène de mariage entre deux spectateurs, avec la complicité de trois autres personnes qui soufflent dans des bouteilles.

Voilà un spectacle qui n'a rien de révolutionnaire, qu'on peut même qualifier de simplet, à certains égards, mais où le contact humain se crée avec l'artiste. Ça, comme on dit, ça n'a pas de prix. Et puis après tout, chacun peut prétendre avoir un jour attendu...

Tant pis pour le prétendant, c'est nous qui avons passé une chouette soirée avec Krin.

Au Quat'Sous jusqu'au 9 juillet.