Pour sa première animation d'un gala Juste pour rire, hier soir à la Place des Arts, l'humoriste François Bellefeuille a rempli son rôle avec talent. Dommage toutefois que plusieurs des numéros de ce spectacle élaboré sur le thème des rejets avaient un goût de déjà-vu.

Le directeur de la programmation des galas, Christian Viau, l'avait pourtant promis en mai: à la suite de critiques, l'an dernier, les galas privilégieraient cette année des numéros inédits.

On avait déjà noté lors de celui de Laurent Paquin que Virginie Fortin avait présenté un numéro tiré du spectacle Mazza-Fortin. Hier soir, la plupart des humoristes invités ont utilisé du stock déjà entendu. Même si le gala a été globalement bien reçu par le public, il est fort à parier que certains avaient déjà entendu Katherine Levac raconter sa vie sur une ferme ontarienne. Le public de Juste pour rire regarde aussi les émissions d'En route vers mon premier gala sur MAtv, où elle a déjà présenté ce numéro... ce qui n'a pas empêché les spectateurs de l'applaudir généreusement.

Ceci dit, le gala n'était pas raté pour autant. Le thème a été bien développé, le texte de Bellefeuille étant bien dosé et très drôle. L'animateur a expliqué en introduction qu'il avait lui-même été rejeté, jeune: ses parents l'envoyaient en camp de vacances en avril! Tout de suite très applaudi, François Bellefeuille. Ses fans étaient là...

Après un numéro burlesque couci-couça avec sa «doublure» Louis Champagne, il a présenté le jeune Sébastien Haché dont on avait vu le numéro à En route vers mon premier gala, celui où il joue un garçon un peu attardé. Certaines blagues tombaient à plat, mais comme il le fait exprès, ça passe. Et le public a aimé.

Puis, Simon Leblanc a parlé de son installation à Montréal, une histoire dont on avait déjà entendu des bouts, notamment quand le quêteux du Plateau demande 5$ aux passants pour s'acheter un panini jambon-brie. Sa performance a été bien reçue.

Billy Tellier est venu présenter le numéro du parrain qui chuchote dans l'église... qu'il avait fait en janvier 2013 lors de la première de son premier spectacle solo, La loi du plus fort. Un numéro très bon, mais c'est «plate en baptême», comme il a dit, de revoir les mêmes choses... ou presque.

L'échange entre Simon Leblanc et François Bellefeuille, inédit celui-là, sur les (fausses) réactions en direct de spectateurs sur Twitter, était assez drôle. Neev a ensuite évoqué la fois où il est resté coincé dans une glissade à cause de son poids. Pas sa meilleure performance, mais très applaudie.

Guillaume Wagner a présenté des réflexions (très justes et drôles) sur le thème des rejets. Dommage qu'on les ait entendues en partie sur la scène Loto-Québec, deux jours avant... Mais il a eu droit à une demi-ovation.

Photo: Sarah Mongeau-Birkett, La Presse

Simon Leblanc a parlé de son installation à Montréal, une histoire dont on avait déjà entendu des segments.

Le meilleur: Laurent Paquin

C'est Laurent Paquin qui a présenté le meilleur numéro, sur l'homophobie, le mariage gai et les préjugés, avec des lignes volontairement mi-figue mi-raisin. Exemple: «Une parade de la fierté gaie, c'est comme une parade de la Coupe Stanley, mais c'est pas les vitrines qui se font défoncer!» Ou «Avoir peur d'un gai, c'est comme avoir peur d'une coccinelle, un gai, c'est une bibitte avec du style!»

Le public a beaucoup aimé et lui a réservé la seule ovation marquante du gala.

Le spectacle s'est achevé par un numéro collectif, Rejets got talent, avec un nain, un géant, un vieux monsieur atteint de priapisme, Luca LazyLegz Patuelli, qui danse avec ses béquilles, et Martin Deschamps, qui a joué brillamment de la batterie.

Un gala somme toute positif - ne rejetons pas le bébé Bellefeuille avec l'eau du bain -, mais il était loin d'être surprenant. Dommage.

Photo: Sarah Mongeau-Birkett, La Presse

Katherine Levac a aussi raconter une histoire qu'elle avait déjà présentée.