Sujet de l'heure sur les scènes théâtrales, la diversité est au coeur du spectacle 100 % Montréal qui ouvre ce soir le 11e festival TransAmériques. Rencontre avec les artisans et quelques-uns des 100 Montréalais de toutes les origines qui participeront à l'oeuvre.

Du rire aux larmes, de la détresse intime à la liberté de s'exprimer, de tous les âges, sexes, races, religions et lieux de naissance. C'est Montréal et un peu plus qu'on verra sur scène dans le spectacle des Berlinois de Rimini Protokoll, 100 % Montréal.

Ce qu'on entendra des 100 participants du spectacle est tout aussi varié, drôle et touchant: «J'ai un nom célèbre, Vincent Lacroix», «J'ai monté le Kilimandjaro», «J'étais dans ma maison lors du tremblement de terre en Haïti», «J'ai enterré deux enfants»...

Avec Rimini Protokoll, on n'est jamais loin du théâtre documentaire, une tendance forte sur les planches.

«On utilise le théâtre comme une fenêtre vers la réalité. C'est une forme de documentaire aussi. Avec les 100 %, on essaie d'encadrer toute une ville en se basant sur des modèles sociologiques», résume Stefan Kaegi, l'un des trois responsables du spectacle, avec Protokoll et Helgard Haug, qui l'accompagne à Montréal. 

La vraie nature de Montréal

Montréalais et Montréalaises unis sur la même scène avec chacun et chacune leur vérité, leurs opinions, leur passé et l'avenir qu'ils envisagent dans cette ville qui a soufflé ses 375 bougies.

«On a l'impression qu'on est davantage connectés aujourd'hui, dit Stefan Kaegi. C'est vrai, mais souvent avec des gens dans d'autres pays et villes qui ont les mêmes goûts que nous.»

« Sur scène, on tente de réunir tout le monde malgré leurs différences: jeunes, vieux, musulmans, chrétiens, conservateurs ou extrémistes. Quand on les écoute parler, ça devient très humain.»

Après qu'ils se sont présentés, les participants se font poser des questions à propos de thématiques socioculturelles, voire politiques. Ils se regroupent selon les réponses qu'ils donnent. Ce qui donne des situations drôles, touchantes, mais souvent très surprenantes.

«Il y a toujours des gens qui ne se reconnaissent pas dans le portrait que l'on fait sur scène de leur ville, avoue Stefan Kaegi. Les spectateurs voient ce qui manque. En répétition, le débat le plus fort à Montréal porte sur la langue. On sent que la ville est en train de changer et que la tendance va vers l'anglais.»

Une trentaine de villes

Les 100 % existent depuis près de 10 ans et une trentaine de villes ont présenté le spectacle, dont Vancouver, Londres, Paris et Tokyo.

«On a eu des villes plus difficiles que Montréal dans le passé, se rappelle M. Kaegi. En ex-Allemagne de l'Est ou à Riga, par exemple.»

Parfois, des débats éclatent sur scène, mais le spectacle ne cherche nullement à les provoquer.

«Les échanges sont vifs sur des sujets comme la nécessité de pipelines de pétrole, par exemple. Mais on intervient pour indiquer qu'il faut respecter les opinions de tous.»

Les questions auxquelles répondent les participants sur scène peuvent aborder des sujets très généraux ou mentionner des sujets d'actualité. 

«À São Paulo, la dernière ville avant Montréal, on posait des questions sur la destitution de la présidente Dilma Rousseff. C'est une façon de rendre la vie de la ville plus visible, d'une façon que l'on veut honnête.» 

Montréal sera mis à nu en quelque sorte. C'est peut-être ce qui manquait à ce 375anniversaire, un peu de vrai monde et de lucidité!

Montréal, c'est...

- 1,9 million d'habitants 

- 52 % de femmes, 48 % d'hommes

- 64 % originaires du Canada, 36 % d'ailleurs

- 49 % en couple, 35 % célibataires, 16 % séparés, divorcés ou veufs

- 56 % de la population montréalaise a entre 25 et 64 ans

Photo André Pichette, La Presse

«Je suis ici depuis sept mois seulement, dit le participant Malik Faisal Aslam. Je suis né au Pakistan et j'ai vécu 20 ans à Dubaï. On m'a parlé de ce spectacle quand je suivais mes cours de francisation.»