Marc Dupré nous a ouvert les portes de sa maison de Terrebonne où il a aménagé un studio au sous-sol. Vous pensez connaître l'imitateur devenu chanteur, réalisateur et mentor ? Détrompez-vous. Survol de sa carrière dans laquelle son père, sa femme et son beau-père René Angélil ont eu un grand rôle à jouer.

Au Centre Bell demain et samedi. Invités : Marie Mai, Alex Nevsky, Kevin Bazinet, Alexe Gaudreault et Andie Duquette. En première partie, Jérôme Couture.

L'imitateur

« Mon père était batteur, raconte Marc Dupré. Je viens d'une famille nombreuse de musiciens où la musique était le centre de nos vies. Pour moi, la musique, c'est rassembleur. »

Très jeune, le petit Marc s'est mis à imiter Elvis à la demande de ses tantes gaspésiennes. « Quand j'aimais une chanson, je l'écoutais à m'écoeurer... et je la chantais par coeur en reproduisant les tics de la voix. »

Au fil du temps, Marc Dupré développe un sacré talent à imiter Styx, Boy George, Francis Cabrel et Michael Jackson. À 10 ans, il se souvient être revenu de l'école en courant pour aller s'enregistrer dans sa chambre. Il dit un jour à son père : « Je veux devenir imitateur. » Plus tard, il recevra « un vrai micro » en cadeau de son paternel.

Entre-temps, Marc bosse dans un garage et il suit des cours de judo. Épaté par ses imitations, son professeur d'arts martiaux lui suggère de se produire dans un resto-bar de Lachenaie.

« Bien voilà... Il y avait huit personnes dans la place, mais il y avait Guy Cloutier. Il m'a dit : "Tu es bon en tabarnak." Puis tout est allé très vite. »

Quelques semaines plus tard, Dupré, 23 ans, est aux Étoiles du Capitole et à l'émission de Sonia Benezra.

Un an plus tard, en 1994, il prend l'avion pour la première fois pour faire la première partie de Céline Dion à l'Olympia de Paris. « Le soir même. Je n'ai pas vu le temps passer, mais j'avais tellement répété que je pouvais faire n'importe quoi... »

Marc Dupré est devenu un imitateur releveur de défis capable de monter un numéro en 24 heures pour un gala Juste pour rire.

Pendant des années, il a remporté plusieurs prix et enfilé des spectacles, parfois six par semaine. Il a joui d'une vitrine enviable, notamment avec plusieurs premières parties de Céline Dion. « Mais j'ai commencé à avoir peur. Peur de me répéter. Je m'ennuyais aussi de mes enfants en étant sur la route. Mais j'aimais la musique... »

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Marc Dupré en 1998.

L'auteur-compositeur

Quand Marc Dupré décide de mettre en veilleuse sa carrière d'imitateur, il ne joue d'aucun instrument de musique. Il demande alors conseil à Mario Lefebvre, l'imprésario de Garou, bras droit à l'époque de René Angélil au sein des Productions Feeling. « Trouve-moi des tounes », lui demande-t-il.

« Dans ton cas à toi, ce n'est pas une bonne chose, lui répond Mario Lefebvre. Les gens te connaissent pour imiter les autres. Tu dois chanter tes trucs à toi. Travaille là-dessus, tu es un travailleur. »

Marc Dupré se met avidement à la tâche.

Il relève le défi. Sa première chanson a pour titre Voyager vers toi et le reste appartient à la biographie de Marc Dupré. L'extrait a atteint le sommet des palmarès, tout comme l'album sur lequel il figurait, Refaire le monde, sorti en 2005.

« Là, on m'a pris au sérieux », raconte le grand admirateur de Coldplay et U2.

En 2007, il sort son deuxième album, Revenir à toi. Il donne toutefois peu de spectacles où il endosse le titre d'auteur-compositeur.

« Je n'étais pas là dans ma tête. Mon background venait toujours me chercher... C'est plus facile de prendre la voix d'autres personnes et j'avais peur du silence sur scène. »

« Le premier vrai show où je me suis assumé dans ma tête en tant que chanteur s'est passé à L'Assomption [en 2015]. Jean-Nicolas Verreault a travaillé la mise en scène avec moi. »

C'était il n'y a pas longtemps, après la sortie de son cinquième album, Là dans ma tête. Enfin, il assumait qu'il faisait de la chanson et non de la variété. « Avant, je mélangeais tout. »

Et voilà que Marc Dupré se retrouvera sur la scène du Centre Bell.

Encore une fois, cette proposition ne l'intéressait pas au départ. « Je ne croyais pas en mes capacités. »

À son insu ou presque, son imprésario a rencontré l'équipe du Centre Bell, celle du promoteur evenko.

En définitive, un spectacle n'a pas suffi pour répondre à la demande et il a fallu ajouter une supplémentaire. « Je n'étais pas d'accord. Il a fallu qu'Aldo [Giampaolo, l'imprésario de Céline Dion] m'appelle. Il m'a dit : "Si René était encore ici, il te dirait : champion, fais un deuxième soir. Tout va être correct." »

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Le mentor

Mario Pelchat, Annie Villeneuve, Marie-Pier Perreault, Martin Deschamps et Olivier Dion, pour ne citer que ces noms. « Le hitmaker des années 2000 », peut-on lire sur le site web de Marc Dupré.

Encore une fois, cela n'était pas prémédité...

À un moment donné, l'auteur-compositeur ne pouvait pas sortir des albums aussi rapidement que ne le lui dictait son inspiration. Son grand complice et conseiller, Nelson Minville, lui a suggéré de prêter sa plume à d'autres. « Je ne savais même pas que cela se faisait... », ironise Marc Dupré.

En 2009, Marc ajoute une corde à son arc en coréalisant l'album Droit devant de Wilfred LeBouthillier.

Un bon matin, Stéphane Laporte l'appelle pour écrire la chanson-thème de la cuvée 2012 de Star Académie. Marc Dupré propose une pièce intitulée Pour exister (que chantera finalement Olivier Dion), mais c'est finalement Toi + Moi de Grégoire qui est retenue.

Marc Dupré hérite néanmoins des arrangements et de la réalisation de la chanson, pour ensuite se faire proposer d'être le réalisateur de tout l'album de Star Académie. « Ben voyons donc. Je ne voulais pas », raconte-t-il.

Mais encore une fois, il a accepté une mission qu'il croyait impossible. « Je l'ai fait à condition que les auteurs-compositeurs puissent enregistrer leurs chansons. »

L'histoire s'est répétée peu après. Marc Dupré ne voulait pas être coach à La voix. Quand est venue l'offre des Productions J, il a d'abord pensé qu'il ne connaissait rien à la technique, travaillant à l'instinct.

Il a fallu que René Angélil le convainque. « Si une personne peut le faire, c'est toi », lui a dit son beau-père.

Marc Dupré est sans doute le coach qui assure le plus grand suivi auprès de ses recrues après l'émission. « Je le fais pour cela. Pour l'après. »

Ce soir et demain, Jérôme Couture assurera ses premières parties au Centre Bell avec Alexe Gaudreault et Andie Duquette. Marc Dupré partagera la scène avec Marie Mai, Alex Nevsky (à qui il a confié le rôle de mentor à La voix), et Kevin Bazinet, une autre ancienne recrue de La voix.

« Avec La voix, je rencontre plein de gens avec qui je partage la même passion. Je les aide, mais, dans le fond, c'est le lien avec eux qui me rapporte », explique Marc Dupré.

Pendant l'émission, les coachs ne peuvent pas entrer en contact avec les participants. Or, dès le lendemain de la finale, Dupré est au téléphone. « C'est vrai », confirme Jérôme Couture, finaliste de la première saison du concours télévisé.

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Kevin Bazinet et Marc Dupré.

Le fils, le père

La dernière année de Marc Dupré a été éprouvante sur le plan personnel avec la mort de son beau-père René Angélil.

« René a changé ma vie comme personne. Il m'a inculqué la générosité, la loyauté, le respect des gens avec qui tu travailles et la famille, ce que j'ai de plus important. »

René était une figure paternelle pour Dupré, depuis la mort de son père au jeune âge de 44 ans.

« Mon père était mon meilleur chum, raconte Dupré. Une bonne partie de ma vie, tout ce que je faisais était pour qu'il soit fier de moi. »

« J'ai délaissé l'école pour être imitateur. À un moment donné, mon père m'a dit que je devais faire un choix. Je lui ai dit : "Fais-moi confiance." J'ai passé les auditions pour Juste pour rire et je n'ai pas été choisi. L'été suivant, j'étais la révélation du festival Juste pour rire, puis je faisais la première partie de Céline. Mon père était là. »

« Quand j'ai perdu mon père dans un accident banal, je me suis perdu un peu... Puis j'ai rencontré Anne-Marie [Angélil] et René est arrivé dans ma vie. »

« Tout va être correct », lui disait son camarade de golf.

Marc Dupré a besoin d'être rassuré, comme il a besoin d'être apprécié. « Ma satisfaction se retrouve dans celle des autres », confie-t-il.

Sa passion pour la musique et sa nature travaillante en font un auteur-compositeur prolifique.Marc Dupré a trois enfants. Il apprécie avoir son studio à la maison, car il peut laisser Jérôme Couture travailler pendant qu'il va chercher sa progéniture à l'école. Sur les murs du studio sont accrochés plusieurs disques d'or et, dans un coin, se trouve un trophée Juno de Céline Dion qu'il a quémandé à la blague.

« Je travaille à n'importe quelle heure. Quand je ne dors pas, je descends et je travaille sur une toune. Des fois, ma blonde me pogne endormi sur ma guitare et me dit : "Come on, viens te coucher." Je suis comme un enfant avec un Nintendo. La musique, c'est un thrill personnel. C'est un besoin qui prend beaucoup de place. »

« C'est vrai ! », lance Jérôme Couture, qui est devenu un ami et un grand complice professionnel de son ancien coach de La voix.

Pourquoi travailler autant avec Marc ? « Il fait ressortir le meilleur de moi », répond Jérôme Couture.

Marc Dupré donne maintenant à d'autres ce que son père, René Angélil et Céline Dion lui ont légué.

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Jérôme Couture et Marc Dupré.