Entre 18 h et 19 h, Sienna Dahlen a célébré en grand son anniversaire: sur la plus grande scène, place des Festivals. En cette fin de journée caniculaire, la chanteuse pouvait se payer le luxe d'un orchestre de 10 musiciens, elle comprise, afin d'interpréter le contenu de son magnifique album Ice Age Paradise.

Vous vous doutez bien que l'opus fut imaginé dans cette vaste contrée septentrionale où la neige fond parfois et le mercure peut même indiquer 30 °C en cette époque où l'idée de période glaciaire est un fantasme de rédemption.

Convenons que ces superbes fresques de spleen et d'intériorité de la douée Sienna se sirotent mieux dans des lieux et des contextes propices à l'introspection. Rythmes généralement lents, arrangements soyeux et étoffés, lignes mélodiques aériennes, poésie de l'intimité... ce n'est peut-être pas l'idéal sur une grande scène de festival.

Cela étant, la qualité de l'écoute était étonnamment favorable sous ce ciel bleu précédant la brunante. On a senti du respect chez les festivaliers présents à ce concert fort bien préparé. La sonorisation, il faut dire, fut à la hauteur de l'exécution impeccable de cet orchestre de chambre jazzy folk - voix soliste, contrebasse, violon, violoncelle, batterie, trompette, cor, hautbois, guitares, piano.

Ainsi, nous avons eu droit à cette matière riche, fruit d'une auteure-compositrice-interprète folkie, pianiste et guitariste dont la connaissance du travail harmonique propre au jazz, aussi aux musiques classique ou contemporaine, s'avère nettement supérieure à la moyenne chansonnière.

L'ouverture d'esprit de cette chanteuse excellente la mène aussi à faire l'effort d'écrire en français certaines rimes, dont un éloge funèbre à sa maman disparue. Une autre disparue a également été en évidence lorsque la chanteuse a repris J'arrive à la ville de Lhasa.

Il faisait bon, il faisait beau, il faisait chaud, les esprits survolaient cette aire de sérénité et de plénitude.