De Kamasi Washington, ce qu'on a vu et entendu samedi au MTelus fut sensiblement la même formule empruntée  il y a deux ans dans le même lieu, avec peut-être plus d'acuité, d'expérience et d'autorité sur scène : la version « dancefloor » de sa musique.

À la manière d'un DJ dont on se délecte des enregistrements audio et qui simplifie vachement sa proposition devant un public nuitard afin que ce dernier prenne son pied plutôt (et ne se prenne surtout pas la tête), le fameux ténorman choisit de donner un spectacle beaucoup plus proche du jazz funk, de la soul, du R&B, du hip-hop et comportant malgré tout quelques pointes d'abstraction et... qui évacue forcément la matière « sérieuse » de ses enregistrements, dont le tout frais et superbe Heaven & Earth.

Ainsi donc, la  mesure est sévèrement battue par deux artilleurs aux percussions (Robert Miller et Tony Austin) et la contrebasse saturée de Miles Mosley, pendant que s'expriment les solistes - papa Rickey Washington au saxo soprano et à la flûte (qui a la chance d'avoir un fils prodigieux car sinon...), le tromboniste Ryan Porter, la chanteuse Patrice Quinn, avec le soutien harmonique de Brandon Coleman au piano électrique, synthés et chant.

On avait dans la face un son gros comme ça, des beats gros comme ça, des solos qui traversaient la salle comme des 18 roues, le tout emballé dans une esthétique de party jazzy funk sortie tout droit des années 70.

On comprendra que Kamasi a plusieurs chaudrons sur la cuisinière, et la mixtion qui bouillonnait hier réduisait sur le feu intense, au grand plaisir des deux milliers de personnes  présentes, il va sans dire. Vulgarisation et divertissement obligent...