Depuis 11 ans, l'Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ), le Centre québécois du PEN international (penquebec.org) et Amnistie internationale organisent en partenariat le projet Livres comme l'air qui consiste à jumeler 10 écrivains québécois à 10 écrivains étrangers persécutés dans leur pays pour délit d'opinion.

Associé au Salon du livre de Montréal, le projet a un porte-parole chaque année. Cette année, l'écrivain René-Daniel Dubois a accepté d'animer la cérémonie de lecture des dédicaces de Livres comme l'air présentée le vendredi 18 novembre, à 20 h 30.

René-Daniel Dubois explique pourquoi il a accepté de participer à Livres comme l'air. «Parce qu'il le faut. Un seul écrivain, où qu'il se trouve, arrêté, torturé, harcelé pour avoir osé écrire ce qu'il pense du monde où il vit, est une honte pour l'humanité tout entière. Notre époque se trouve bien brillante, avec ses torrents de gadgets, d'inventions et de grands principes. Mais si, en dépit de ses prétentions, elle tolère que la seule réponse à une idée puisse être la brutalité, alors elle ne mérite d'être décrite que par un seul mot: barbare.»

Comment s'adresse-t-on à une époque barbare? «Oh, certainement pas par la brutalité qui lui est chère. On la regarde dans les yeux, tout simplement. Et on lui dit, tout doucement: «Tiens, regarde. J'ai justement un beau livre, pour toi.»»

Voici les jumelages de cette année: Francine Allard et l'écrivain et blogueur chinois Ran Yunfei (relâché en août, actuellement en résidence surveillée), Lysette Brochu et le défenseur palestinien des droits de la personne Ahmad Qatamesh, India Desjardins et la journaliste indépendante thaïlandaise Chiranuch Premchaiporn (accusée de lèse-majesté), Mylène Durand et Tal Al-Mallouhi (blogueuse syrienne condamnée à cinq ans de prison au printemps dernier), Katia Grubisic et Ahmad Zeidabadi (journaliste iranien condamné à six ans de prison en 2009), Pierre Nepveu et le poète et opposant politique de la Biélorussie Vladimir Nekliaev, Stéphanie Paquin et Dhonkho (Tibet), Brigitte Purkhardt et l'écrivaine Nevin Berktas, qui a passé 21 ans dans les prisons turques, Diane Régimbald et le premier prisonnier politique égyptien de la post-révolution arabe, le blogueur Maikel Nabil Sanad, et enfin Marc Zaffran et le professeur pro-palestinien Sami Amin Al-Arian (en résidence surveillée aux États-Unis en attendant son procès).

Parmi les écrivains parrainés au cours des dernières années, plusieurs ont été libérés, explique Anne Sainte-Marie, responsable des communications à Amnistie internationale (www.aministie.ca). Musaad Suliman Hassan (Égypte) a été libéré le 13 juillet, Habib Saleh (Syrie), en mai, Albert Santiago Du Bouchet Hernandez (Cuba), en avril (et exilé en Espagne). Par contre, on est toujours sans nouvelles du poète tibétain Kunga Tseyang, condamné à cinq ans de prison en 2009 par les autorités chinoises, et du journaliste gambien Chief Ebrima Manneh, arrêté en 2007. Et le blogueur chinois Tan Zuoren est toujours en détention, sa peine de cinq ans ayant été maintenue malgré un appel en 2010.

>> Livres comme l'air sera présent durant tout le Salon, au stand 601 où les dédicaces seront exposées. Les visiteurs pourront signer les pétitions demandant la libération des écrivains injustement emprisonnés.

>> Lecture des dédicaces, animée par René-Daniel Dubois, vendredi, 20 h 30, au Carrefour Desjardins.