Deux douzaines de vedettes et autant de chansons connues, voilà le concept tout simple du spectacle présenté hier soir sur la Place des festivals pour souligner les 25 ans des FrancoFolies. Gros événement, compte tenu des pointures rassemblées, d'Ariane Moffatt à Paul Piché. Concept hyper local, aussi, puisque cet anniversaire digne de mention a été fêté sans aucun artiste venu d'un autre coin du vaste monde francophone.

Il fallait avoir envie de fêter pour se pointer le bout du nez sur la Place des festivals, hier soir. Le vaste espace, bien rempli avant même que la musique ne commence, était en effet balayé par un frisquet vent d'automne... Une petite laine n'était pas de trop. Ce qui n'a pas freiné la foule, déjà enthousiaste avant que ne résonnent les premières notes, qui furent celles de L'amour, de la «jeune recrue» Karim Ouellet.

L'instant d'après, Ariane Moffatt apparaissait sur une petite scène au milieu de la foule, guitare en bandoulière, pour interpréter sa toute première chanson enregistrée: Point de mire. Ne pas tricher un peu (sur son congé sabbatique) n'était pas une option pour elle puisque son premier concert aux Francos, en 2002, a été déterminant pour la suite de sa carrière. Radieuse, elle a glissé quelques mesures de Leloup dans sa chanson («à quoi que je joue, je joue de la guitare...»). Clin d'oeil sympa.

Le plan de match de la soirée était connu: 25 artistes allaient défiler sur scène pour chanter une chanson. On s'attendait bien sûr à entendre 25 succès, d'hier et d'aujourd'hui. Le défi était ailleurs: faire que ce défilé coule sans brisure de rythme et sans temps mort. L'utilisation sporadique de la petite scène dans la foule fut utile pour dynamiser les enchaînements

Ce qu'il fallait plus que tout, cependant, c'était des chansons fédératrices, capables de galvaniser une foule aussi imposante. Ce qui ne fut pas si simple. Mes aïeux ont été les premiers à casser la baraque avec Dégénérations, qui en a fait swinguer plus d'un. Curieusement, c'est Luc De Larochellière qui avait été programmé tout de suite après avec Cash City, une chanson brillante... qui n'est toutefois pas la plus stimulante de son répertoire.

Il en a été ainsi toute la soirée : des pics d'énergie suivis de ralentissements (Le saule, par Isabelle Boulay), de gros succès (Journée d'Amérique, de Richard Séguin) suivis de chansons au rayonnement moins universel (l'écorchée Tout nu avec toi, de Mara Tremblay). Et aussi de chansons d'hier qui ont secoué des souvenirs (Tomber, de Laurence Jalbert) et d'autres qui sont passées dans le beurre (Tension attention, de Daniel Lavoie).

Les chansons de qualité étaient au rendez-vous, la sonorisation était presque toujours à la hauteur et les arrangements (grossis par un imposant groupe comptant une section de cuivres) donnaient le coffre nécessaire aux pièces qui auraient pu en manquer. Gros événement, donc. Mais curieusement hyper local. Ces 25 années de FrancoFolies ont en effet été célébrées sans artistes étrangers, comme si le Québec était le nombril de la francophonie...

Corneille, Damien Robitaille et Lisa LeBlanc ne sont pas nés au Québec ? Très juste. Mais ils font bien sûr partie de la famille. Ce n'est pas comme si on avait invité Fersen, M ou Cabrel, sans doute l'artiste français le plus universellement connu au Québec depuis... 25 ans. L'histoire des FrancoFolies de Montréal, c'est pourtant aussi tous ces artistes venus d'Europe ou d'Afrique et qu'on a découvert au hasard de nos déambulations dans les rues bouclées du centre-ville.

À 22 h30, Paul Piché chantait Sur ma peau devant une foule ravie. Un peu plus tôt, Pierre Lapointe avec fait gigoter l'assemblée avec une solide version de Deux par deux rassemblés. Vincent Valllières a fait chanter la foule avec On va s'aimer encore lors d'un des rares vrais moments d'émotion. L'autre, c'était quand Dan Bigras, pourtant flegmatique, a chanté Tue-moi, chanson d'une beauté rare que le public a entonné avec lui.

Le spectacle devait se terminer vers 23 h avec Éric Lapointe et l'un de ses très nombreux succès.