Nous avons eu droit à des perles de rareté durant les six semaines qui ont tracé le chemin cahoteux menant à l’autonomie affective de Si on s’aimait encore.

Une gagnante de loto en direct, du vin maison, des tchin-tchin au Codorníu, une corne-verre de Viking, un atelier d’intimité consciente, un bain de glace dans un bac Rubbermaid et un combo escrime-karting, je veux dire : quelle autre docuréalité propose des solos de flûte à bec et une visite de savonnerie artisanale dans le même épisode ?

Nous avons également eu droit à une Louise Sigouin vulnérable et émotive lors de l’épisode final, relayé à TVA jeudi soir. C’est rare que la psychothérapeute craque devant les participants assis dans son cabinet.

Elle avait versé des larmes devant le chanteur Sébastien dit Sebz de la deuxième édition de Si on s’aimait, qui avait dévoilé son statut d’homme séropositif, mais indétectable.

J’aurais cru que la résilience du livreur-vendeur Gino, qui a accompli d’immenses progrès en thérapie, aurait connecté Louise Sigouin à sa propre douleur. Mais non. C’est en s’adressant à Stéphanie, 35 ans, l’épouse trompée au garage, que Louise a cassé.

En résumé, Louise Sigouin a félicité Stéphanie d’avoir construit une nouvelle étape de sa vie sur un évènement extrêmement douloureux. À son conjoint Keven, 36 ans, Louise a rappelé comment il s’était tenu debout pour sa femme et sa famille, après l’adultère, et qu’il avait choisi de réparer la relation brisée et de s’amender.

Wô minute, ici. Je comprends la démarche de Keven, qui rame et pédale depuis six semaines pour garder sa Stéphanie, après l’avoir contrôlée et manipulée pendant 17 ans. Ce bout-là, extrêmement malsain, a été rapidement balayé sous le tapis, je trouve.

Car cette emprise ne s’efface pas en chantant du Vincent Vallières dans un bungalow de Saint-Amable. Aussi, c’est peut-être le ton doucereux de « prof de maternelle » – allô, les petits cocos ! – qu’emploie Keven pour s’adresser à Stéphanie qui me fait douter de sa sincérité. Et Keven qui « se pardonne » pour ses propres gestes et qui promet de « s’occuper » de lui, avec la bénédiction de Louise, sérieux, c’était fort de café en titi. Saint Keven de la Rédemption, qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous !

En même temps, Keven et Stéphanie vivent encore ensemble, avec leurs deux filles. Qui suis-je pour remettre en question l’authenticité de leur relation ?

Un simple psy de salon. Voilà. Sans diplôme officiel, mais avec une solide écoute de mon monde intérieur. C’est à la fois la force et la faille de Si on s’aimait encore : la transparence des cobayes, qui révèlent des détails super intimes de leur vie personnelle, ils vont vraiment loin. Ces confessions privées (idées noires, anxiété, dépression, violence domestique, mauvais traitements, automutilation) deviennent publiques et les exposent au jugement populaire.

Les enjeux conjugaux décortiqués par Louise Sigouin aident assurément un paquet de téléspectateurs à guérir de leurs propres blessures. Vrai.

Dans la cohorte 2024, Christelle et Gino, toujours en couple aujourd’hui, ont plongé dans des zones sombres, pour remonter à la surface, transformés et mieux outillés. Ces deux-là ont accompli des progrès étonnants et réjouissants. Quel beau parcours.

Le cas de Guillaume et Kathy, tous deux âgés de 30 ans, a été plus complexe à cerner. Il a été dur à suivre, ce Guillaume, nerveux, impulsif et à deux poffes de pot d’exploser. Fragile un épisode, arrogant dans l’autre, on se demande pourquoi Kathy ne l’a pas quitté. Leur statut matrimonial demeure incertain, selon mes espions. Guillaume aurait également failli perdre un œil dans un accident de travail survenu l’hiver dernier.

Madeleine et Michel, les pimpants septuagénaires, n’avaient pas tant besoin de consulter, disons-le. Ils ont insufflé une dose de légèreté et de burlesque dans l’émission. Si le très patient Michel a été adopté rapidement par le public, la tranchante Madeleine a généré davantage de commentaires désobligeants. Il faut dire que cette dame de la « snoblesse » ne se gênait pas pour claironner son dédain des friperies et mettre de l’avant sa conviction que l’âme humaine voyage d’une dimension à l’autre grâce à des portails. Louise Sigouin n’a pas trop insisté sur cet élément de science-fiction ésotérique, mettons.

Maintenant, une autre saison de Si on s’aimait encore, avec quatre autres couples en difficulté, a été tournée en même temps que celle que nous avons visionnée ce printemps. Pour l’instant, TVA n’a pas annoncé quand elle passera à la télé. Indéfendable et MasterChef devraient être les séries quotidiennes de l’automne, ce qui reléguerait Si on s’aimait encore à 2025. C’est loin.

Cette décision n’aurait pas de lien avec la présence de Guillaume Lemay-Thivierge dans les épisodes, me dit-on. Il s’agirait d’un problème de congestion de grille horaire, comme cela s’est produit dans le passé.

La fin des tournages de ces deux chapitres de Si on s’aimait encore a culminé avec un voyage au Mexique, où Louise Sigouin leur a donné des ateliers d’accompagnement relationnel. Madeleine, Michel, Gino, Christelle, Guillaume, Kathy, Stéphanie et Keven y ont tous participé, en compagnie des quatre couples que nous n’avons pas encore découverts.

Je ne sais pas pour vous, mais des dualités, un peu de Duolingo et des daiquiris, ça sonne pas mal comme du rêve.

Je lévite

Avec Les traîtres et The Traitors

D’abord, Noovo a confirmé le tournage d’une deuxième saison pour l’an prochain, ce qui ravira les fans. Aux États-Unis, The Traitors a dévoilé la distribution de sa troisième saison, qui réunit des personnalités de téléréalité, et c’est de la bombe. On y verra Chrishell Stause de Selling Sunset, Tom Sandoval de Vanderpump Rules, l’ex-mari de Britney Spears, Sam Asghari, Bob the Drag Queen de RuPaul’s Drag Race, Dorinda Medley des Real Housewives de New York, Ciara Miller de Summer House, le frère de Zac Efron, Dylan Efron, et Rob Mariano de Survivor. Ça va magouiller sur un moyen temps.

Je l’évite

La pub télé de Wegovy

Un autre médicament aux propriétés amaigrissantes de type Ozempic ou Rybelsus, qui débarque dans nos télés dans une publicité confuse. Le slogan, « la réalité est différente pour le vrai monde », n’a aucun rapport avec le produit. Sur une musique aliénante clairement inspirée du catalogue d’ABBA, une actrice de STAT se plaint que « des élèves de première, c’est pire que des paparazzis ». Ou que, « grande tragédie, il n’y a rien de plus dramatique qu’un genou éraflé ». Rien à comprendre dans cette réclame. Rien d’original ou de créatif non plus.