Le nouveau-né d’OASIS Immersion, cocréé avec The National Geographic, vient enfin de voir le jour. Nature Vive Root For Nature en anglais, qui traduit d’ailleurs beaucoup mieux la démarche des créateurs – est un parcours immersif découlant de l’accord de la COP15 sur la biodiversité, signé à Montréal l’an dernier par près de 200 pays.

On peut parler d’un relais créatif à une entente politique, dont l’objectif principal est de protéger 30 % des aires terrestres et marines de la planète d’ici 2030.

L’équipe de création, menée par Sam Greffe-Bélanger, s’est donné la mission de créer un parcours multimédia capable d’émouvoir et d’inspirer les spectateurs sur leur capacité de changement. À l’heure des grandes déceptions environnementales et des tout petits pas que l’on réalise, disons que l’exercice est un sacré défi.

Conçues de manière à sensibiliser les visiteurs aux grands enjeux environnementaux de la planète, les trois salles consacrées à cette expo immersive – avec projections à 360 degrés – sont précédées d’informations explicatives pertinentes, question de bien circonscrire les enjeux, de cibler les défis, de mesurer le chemin à parcourir, de reconnaître les quelques progrès.

La première salle nous plonge au cœur de cette nature qui nous entoure. Dans un déroulement relativement lent, on va de la terre à la forêt tropicale, en passant par la savane et les fonds marins. Le fil rouge d’Un monde en régénération, réalisé par Katerine Giguère et Johnny Ranger ? L’accent est mis sur les yeux des êtres vivants que l’on croise du regard.

PHOTO JEAN-PHILIP LESSARD, FOURNIE PAR OASIS IMMERSION

Les yeux des êtres vivants qui font partie de la collection du National Geographic sont montrés en très gros plans.

Qu’il s’agisse d’une grenouille, d’une chouette, d’un aigle, d’un tigre ou d’un singe, les images – tirées de la collection du National Geographic –, la caméra focalise sur les yeux. Comme s’ils (les animaux) nous observaient (ou nous jugeaient pour notre inaction !). Tout cela avec la musique enveloppante d’Anaïs Larocque, Jérémie Corriveau et Frédéric Bouchard.

La deuxième salle, Nous sommes oniriques, conçue par le Français Alex Le Guillou, est beaucoup plus contemplative. On nous rappelle que nous sommes tous interconnectés – l’aurions-nous oublié ? Les projections sont plus abstraites. On ne peut pas dire que l’émotion nous gagne, mais la musique dub électronique de l’artiste franco-tunisienne Azu Tiwaline crée une ambiance hypnotique intéressante.

La troisième section, la plus consistante, est certainement la plus intéressante, de notre point de vue. C’est, du moins, celle qui remplit tous les objectifs de la direction de la création.

Réalisée par Émile Roy, Élevons-nous face aux défis est à la fois visuellement époustouflante – avec du mapping au sol et des paysages magnifiques qui défilent sous nos yeux en nous donnant l’impression d’avancer – et joliment scénarisée, avec un contenu plus étoffé.

C’est la poète innue Joséphine Bacon qui assure la narration et qui charrie les émotions dans ce segment. Elle nous dira entre autres que le mot « nature » n’existe pas en innu-aimun. Elle emploie le mot « nutshimit », qui pourrait se traduire par « l’intérieur des terres ». « Cette terre ne m’appartient pas, dira-t-elle. Mais moi, j’appartiens à cette terre. »

Regards sur des initiatives

On verra aussi le militant écologiste David Suzuki, dont la fondation – maintenant dirigée par sa fille Severn – a participé à la création du parcours multimédia (tout comme l’Alliance environnementale Age of Union). On le voit notamment converser avec sa fille et son petit-fils Tiisaan. Il est notamment question de « l’action comme antidote au désespoir ».

Ce segment d’environ 30 minutes offre un bel équilibre entre information, émotion et effets visuels. C’est sans doute l’aboutissement de la recherche présentée dans les deux salles précédentes.

On y découvre quelques-unes des initiatives de régénération de la nature qui ont porté leurs fruits depuis quelques années. Qu’il s’agisse du combat contre la pêche illégale sur les côtes africaines – qui met en péril de nombreuses espèces de poissons –, la fin de l’exploration du refuge de l’Arctique ou encore le cas des nombreuses espèces animales menacées en Australie, il y a des progrès, et on les souligne.

C’est d’ailleurs la troisième salle qui sera ouverte pour la Nuit blanche, samedi.

Le cofondateur d’OASIS, Denys Lavigne, qui mise beaucoup sur cette expo, espère bien sûr la faire voyager. Officiellement, Nature Vive est présentée jusqu’au 31 mai, mais M. Lavigne nous confirme qu’elle sera assurément prolongée jusqu’au week-end de la fête du Travail. Par la suite, il espère qu’elle pourra être présentée ailleurs dans le monde. Des annonces seront faites en ce sens dans les prochains mois, a-t-il indiqué.

Nature Vive est présentée à OASIS Immersion jusqu’au 31 mai.

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