L’expérience immersive prend une autre dimension dans les galeries de l’espace OASIS immersion, située au Palais des congrès. À l’aube de son deuxième anniversaire, le lieu de diffusion montréalais propose Transformé, une exposition composée de courtes œuvres de réalité – sur le courage et l’empathie – qui ont été adaptées pour une visite déambulatoire, sans casque.

Pour cette quatrième exposition présentée depuis son ouverture en 2020, OASIS immersion propose un plongeon au cœur de l’existence humaine, ses drames et ses défis, sa beauté et sa sensibilité. Dès le 19 janvier, le public pourra découvrir huit œuvres de réalité virtuelle dont certaines ont été primées à l’international.

D’une durée de 80 minutes, l’exposition habite les trois galeries du lieu qui, pour l’occasion, sont consacrées tantôt à la finalité lumineuse de l’adversité, tantôt au croisement des territoires ou à l’acceptation comme moteur de transformation. En plus de la projection d’œuvres hors cadre, en 360 degrés, la troisième galerie offre quelques touches d’interactivité qui se déploient sous les pieds des visiteurs.

« On a choisi huit œuvres qui étaient fortes au niveau du message humain », a souligné Johnny Ranger, codirecteur de la création de cette exposition, lors de sa présentation aux médias, lundi. Selon lui, il s’agit de la première fois qu’une expérience immersive est construite exclusivement à partir d’œuvres originellement créées pour la réalité virtuelle.

Bien que celle-ci se soit démocratisée, encore peu nombreux sont ceux qui ont pu être en contact avec des œuvres artistiques réalisées pour ce médium. En sortant la réalité virtuelle du casque, l’équipe d’OASIS immersion souhaite rendre l’expérience accessible à un plus grand nombre.

La réalité virtuelle est une expérience plus individuelle. On met un casque et on est transposé dans un autre univers, tandis qu’en immersion, on est dans un espace déambulatoire et collectif.

Johnny Ranger, codirecteur de la création de l’exposition

La réalité virtuelle a établi une autre façon de raconter une histoire, a-t-il ajouté, en créant une expérience qui pousse vers l’empathie. C’est sur quoi a voulu miser son équipe en présentant des œuvres visuelles et sonores narratives basées sur des histoires vraies. Trois sont en français, trois en anglais avec traduction française et deux sont sans texte.

Dans Vestige (Aaron Bradbury), narré par l’actrice française Marion Cotillard, on entend Lisa Elin parler au téléphone de la mort de son amoureux Erick. Au fil de la conversation apparaissent sur les murs de la salle des bribes de la vie heureuse qu’ils ont menée ensemble. « Le deuil, c’est la peur, dit Lisa, dont la voix enveloppe la salle. Le deuil, c’est l’inconnu, c’est ce temps suspendu entre ton toi le plus faible, le plus suicidaire, et ton toi le plus fort, le plus éclairé. »

Goliath : Playing With Reality (Barry Gene Murphy), qui a remporté le Grand Prix du jury VR lors de la 78e édition du Festival du film de Venise, explore pour sa part les limites de la réalité en plongeant les visiteurs dans l’esprit d’un homme atteint de schizophrénie qui a trouvé dans les jeux en ligne une acceptation. Cette version adaptée est narrée par l’acteur québécois Emmanuel Schwartz.

Plus figurative et méditative, Tokyo Light Odyssey (Nakazi Takuma, Moriwaki Daisuke et Kudo Kaoru) est l’une des œuvres où la transposition de l’expérience immersive de la réalité virtuelle est la plus réussie, le mouvement de l’image et l’effet de profondeur permettant aux spectateurs d’oublier les murs.

Un défi technique et créatif

Adapter ces œuvres de réalité virtuelle, composées de vidéos sphériques, pour l’espace cubique d’OASIS immersion a nécessité « des centaines d’heures de recherche, d’essais et d’erreurs, de tests et de discussions », a souligné Julie Castonguay, productrice exécutive d’OASIS immersion.

L’adaptation des œuvres est issue d’une collaboration entre leurs créateurs et l’équipe de cette entreprise multimédia. La résolution de l’image, la fluidité du mouvement ainsi que le son font partie des éléments qui ont dû être revus. « Le défi est autant technique que créatif parce que les deux sont interreliés, a noté le cofondateur d’OASIS immersion, Denys Lavigne, qui dit espérer que l’exposition puisse être présentée ailleurs dans le monde. Quand on est dans le monde de l’immersion, les ingrédients sont tous interconnectés : les éléments visuels, les éléments narratifs, l’aspect technique des fichiers, les éléments audio. »

Les autres œuvres présentées dans le cadre de Transformé sont On the Morning You Wake (To the End of the World) sur la fausse alerte au missile balistique envoyée aux résidants d’Hawaii en 2018, Container sur l’esclavagisme invisible, Ferenj sur l’identité et le métissage des cultures, Notes on Blindness sur le journal intime d’un professeur qui a perdu la vue et Conscious Existence sur le pouvoir de l’émerveillement.

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