Tous les candidats à la mairie de Montréal aiment la culture... À un titre ou à un autre, ils s'en nourrissent, la consomment, la soutiennent ou la défendent et, disent-ils, c'est exactement ce qu'ils vont continuer de faire s'ils sont élus le 3 novembre.

Pendant que quelques dizaines de milliers de Montréalais étalaient leur culture de hockey, hier soir sur la place des Festivals et autour, quelque 350 personnes avaient rempli le Club Soda pour y entendre les candidats exposer ou expliquer leur plateforme culturelle. Denis Coderre, Marcel Côté et Mélanie Joly ont répondu à l'invitation du groupe Culture Montréal, qui, il y a deux semaines, avait lancé «21 propositions pour accélérer l'édification de Montréal comme métropole culturelle durable». En deuil de sa mère décédée lundi, le chef du parti Projet Montréal, Richard Bergeron, s'est fait remplacer par François Croteau, maire de l'arrondissement Rosemont-La-Petite-Patrie.

«Un investissement»

«La culture n'est pas une dépense, mais un investissement», a d'abord lancé Denis Coderre, dont l'équipe compte trois porte-parole en la matière: Manon Gauthier, l'ancienne chef de la direction du Centre Segal des arts de la scène, pour la culture, le comédien Sébastien Dhavernas, pour le patrimoine et le 375e anniversaire de Montréal, et Hélène Fotopulos, l'ancienne responsable de la Culture sous Gérald Tremblay, pour le design et l'architecture.

La culture est un investissement, mais, contrairement à ses adversaires, Denis Coderre ne s'est pas engagé à augmenter le budget du Conseil des arts (CAM) à 20 millions au cours de son mandat, comme le propose Culture Montréal. L'ex-ministre libéral prend «bonne note» de la chose, mais il veut d'abord voir la «situation budgétaire» de la ville.

Pour «repenser la géographie culturelle de la métropole», M. Coderre créerait par ailleurs un poste de commissaire au développement économique affecté à la culture et reverrait le règlement du stationnement au centre-ville.

«Une image de marque »

Pour Marcel Côté, le leader de la coalition qui porte son nom, la culture doit devenir l'«image de marque» de Montréal, et seul le «complexe d'infériorité» des Québécois empêche leur métropole de s'élever au rang de Berlin et de Barcelone. M. Côté, qui se définit comme «un libertarien un peu anarchique sur les bords», augmenterait le budget du CAM, aujourd'hui de 12,5 millions, de 10% par année et enverrait des créateurs dans les missions commerciales à l'étranger.

En entrevue avec l'animateur de la soirée, Michel Désautels, sublime de connaissance et d'humour, M. Côté a expliqué que, localement, la Coalition Montréal compterait sur la mise en valeur de l'art urbain et la diffusion des oeuvres des créateurs montréalais.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Marcel Côté défend les couleurs de Coalition Montréal.

Un conservateur en chef

«Amoureuse de la culture», Mélanie Joly créerait pour sa part un poste de conservateur en chef qui veillerait à intégrer l'art aux projets de planification urbaine, comme cela se fait déjà pour la dimension environnementale. Son équipe instituerait aussi une taxe sur l'affichage publicitaire, comme à Toronto et Vancouver, et ferait du silo numéro 5 une immense toile de projection pour les vidéos des Montréalais. «Comme un Moulin à images qui ne coûterait pas 5 millions?», s'est enquis Désautels. Mme Joly a aussi dans ses cartons une «charte de la vie nocturne» pour favoriser l'expression artistique, musicale entre autres, sans agresser nuitamment les résidants.

Au nom de Projet Montréal, François Croteau a expliqué que la métropole avait beaucoup à faire dans la transformation «de la laideur en beauté» pour être digne de son titre de ville UNESCO du design. Les trois axes culturels de son parti: vivre, créer, performer et, pour le 375e, «faire de Montréal une oeuvre d'art en elle-même».

Pour y parvenir, il faudra se mettre à la tâche dès le 4 novembre au matin...

Photo: David Boily, La Presse

Mélanie Joly