Irem Bekter a visité Montréal à plusieurs reprises avant de s'y installer. Née en Turquie, éduquée en Angleterre et résidante de l'Argentine pendant une vingtaine d'années, la chanteuse, danseuse et comédienne est finalement venue retrouver sa mère, l'artiste peintre Ayfer Gursoz, et sa fille Bianca en 2006, et elle n'a pas tardé à nouer des alliances avec des artistes d'ici.

Avec Nicolas Cousineau et les sept autres violoncellistes de l'Ensemble 8, avec qui elle a marié le classicisme du violoncelle aux rythmes traditionnels argentins. Avec la comédienne Diane Jules, avec qui elle avait déjà en Argentine un projet de spectacle théâtral en quatre langues (Le collier) qui a été créé à Bromont en 2008. Puis avec ses Diabluras et enfin son Quintet qui regroupe aujourd'hui, outre Nicolas Cousineau, des musiciens montréalais venus de Bolivie, d'Argentine et du Chili.

Depuis 2006, Irem Bekter chante, danse et joue dans de nombreux festivals, se produit dans le réseau des maisons de la culture, donne des ateliers de thérapie par l'art à l'université Concordia et prépare avec le chorégraphe Roger Sinha une création impliquant des résidants de Parc-Extension, le quartier cosmopolite où elle vit. Le Irem Bekter Quintet a lancé un album entièrement en espagnol (Primero) en avril dernier et la dame a écrit récemment deux chansons en français, elle qui ne parlait pas un mot de notre langue il y a cinq ans. «Je parle mieux le français que le turc aujourd'hui», dit-elle en souriant.

Irem Bekter se passionne pour les racines des pays où elle s'installe. Elle renouera le mois prochain avec les siennes en retournant en Turquie pour la première fois depuis qu'elle avait 16 ans afin d'y préparer une tournée de son Quintet à l'été 2012. «Un immigrant apporte avec lui son bagage et il doit être à l'écoute de ce qui se passe dans son pays d'accueil, dit-elle. Une des choses que j'aime tellement à Montréal, c'est le mélange des francophones, des anglophones et des allophones. Mais quand j'entends un francophone d'ici dire qu'il se sent vraiment québécois, j'admire ça.»