L'ex-journaliste Paul Marchand, qui s'est fait connaître en couvrant les conflits au Liban et en ex-Yougoslavie, est mort la semaine dernière. L'homme d'une quarantaine d'années, réputé comme étant provocateur et rebelle, a été retrouvé mort dans un studio qu'il habitait à Paris.

Né dans le nord de la France, Paul Marchand a entamé sa carrière de journaliste en 1985 à Beyrouth, alors qu'il avait à peine 19 ans. C'est à cette époque que le journaliste Roger Auque, correspondant pour Radio-Canada, l'a connu. «J'ai tout de suite sympathisé avec Paul. Il avait du culot. Il était intelligent. Mais il était provocateur et dérangeait certains journalistes d'expérience autour de lui», raconte M. Auque.

 

En 1987, quand M. Auque est enlevé devant chez lui à Beyrouth par des hommes du Hezbollah, Paul Marchand est à ses côtés. «On m'a enlevé, mais on n'a pas pris Paul. Après l'enlèvement, un de mes ravisseurs a demandé aux autres pourquoi ils l'avaient laissé là. Un autre ravisseur lui a répondu que Paul était beaucoup trop grand!» se rappelle M. Auque.

Paul Marchand a été reporter à Beyrouth jusqu'au début des années 90. Il a travaillé pour différentes radios, dont Radio-Canada et Radio-France. Il a ensuite couvert la guerre en Bosnie. «À cette époque, il était devenu un journaliste confirmé. Mais il ne respectait pas encore les règles!» raconte M. Auque. Paul Marchand se promenait entre autres à bord d'une vieille Alfa Romeo sur laquelle il avait inscrit sur le toit: «Je suis immortel. Pas la peine de me tirer dessus.»

En plus de prendre des risques, Paul Marchand avait quelque peu «oublié sa neutralité journalistique» et était devenu «plus acteur que témoin» rapporte M. Auque. Il n'hésitait pas à faire du trafic d'essence avec les milices armées et était devenu «un paria parmi les grands reporters». «Mais moi je lui pardonnais tout. Parce que je savais qu'il était hypersensible et pas bien dans sa peau et qu'il s'était inventé un personnage pour se protéger», dit M. Auque.