Alors que le Congrès mondial de la téléphonie mobile s'achève jeudi à Barcelone, la crise, qui promettait d'en être le sujet-phare, a finalement peu passionné la profession, qui a préféré se concentrer sur ses relais de croissance, le multimédia et les pays émergents.

«Dans la situation actuelle, (notre) secteur ne fait pas partie du problème mais plutôt de la solution», a affirmé Cesar Alierta, le PDG de Telefonica. «Les télécoms sont le moteur de la reprise», a renchéri Vittorio Colao, PDG de Vodafone.Ce fervent optimisme a dominé les quatre jours du Congrès.

«Nous faisons face à un ralentissement sans précédent», a reconnu Rob Conway, directeur de l'association des opérateurs GSM, mais «le mobile est devenu un outil tellement indispensable» que l'impact sur le secteur sera limité selon lui.

Les ventes de téléphones devraient pourtant baisser en 2009 et la croissance du nombre d'abonnés va ralentir, des perspectives qui se traduisent déjà en suppressions d'emplois chez Nokia ou Ericsson.

Après avoir effleuré le sujet de la crise, les professionnels se sont empressés de revenir à leur thème favori: le multimédia mobile.

La matinée de jeudi était consacrée au divertissement mobile avec le palmarès du festival Mofilm récompensant des courts-métrages réalisés pour ce support, en présence de l'acteur américain Kevin Spacey.

Surfer sur internet, télécharger des vidéos... ces loisirs commencent à rapporter gros: «le marché du divertissement mobile représente 32 milliards de dollars» et progressera de 27% en 2009, a indiqué Ralph Simon, représentant du Mobile Entertainment Forum (MEF), qui regroupe les entreprises sur ce créneau.

Pour profiter de tout cela, rien de tel qu'un smartphone, ces téléphones multifonctions conçus pour aller sur internet: leurs ventes devraient grimper de 32% selon Gartner, de quoi allécher les acteurs du PC.

Le taïwanais Acer a dévoilé ses huit premiers modèles, un secteur sur lequel son compatriote Asus l'a précédé, tandis que le japonais Toshiba, présent sur le marché professionnel comme l'américain HP, lance un mobile grand public.

Nokia, LG, Sony Ericsson, HTC, Samsung... tous ont concentré leurs annonces sur ce segment, avec des modèles à écran large et souvent tactile, un design qui rappelle étrangement l'iPhone d'Apple, éternel grand absent du Congrès.

Dans cette lignée, la mode était cette semaine aux «application stores», ces boutiques en ligne où l'on peut télécharger vidéos, jeux ou logiciels pour personnaliser son mobile: après Apple et Google, Nokia et Microsoft ont annoncé les leurs.

Les équipementiers, se voulant plus écologiques, ont montré des téléphones se rechargeant au soleil, leur annonce la plus emblématique étant la promesse d'un chargeur quasi-universel en 2012.

L'autre voie de croissance reste les marchés émergents. Pour eux aussi, téléphoner ne suffit plus: «le divertissement mobile est un phénomène mondial» y compris dans les pays pauvres, a estimé Olaf Swantee, directeur de l'activité mobile d'Orange (France Télécom).

«Peut-être que dans certains villages le premier film que les gens verront sera un court-métrage sur un téléphone», a imaginé Kevin Spacey.

Dans ces pays où de nombreux clients restent à conquérir, le mobile peut aussi accompagner des actions de santé (informations sur le sida par SMS, surveillance des épidémies) ou remplacer les banques (transfert d'argent par téléphone).